Rached Fourati: Aux origines de KPMG Tunisie
C’est inimaginable ce que la vie est faite de hasards, de chances, de coïncidences, de rêves, d’opportunités, mais aussi de quelques soucis et déboires.
Je le dis parce que je reviens souvent à ce jour où j’ai décroché mon bac et que tout de suite après, je me suis trouvé confronté aux choix des études universitaires que je pouvais entreprendre. Tiraillé entre deux sinon trois voies totalement différentes, j’ai finalement opté pour la faculté de Droit de Tunis et entamé mes études de sciences économiques, probablement parce qu’à cette époque (1964) les études d’économie et de gestion étaient à la mode.
Au sortir de mes études à la faculté de Tunis et après avoir obtenu une licence en sciences économiques, me revoilà une fois encore confronté à un choix difficile: intégrer l’Administration tunisienne comme l’ont fait plusieurs de mes camarades de licence, ou partir pour Paris m’inscrire au Doctorat de sciences économiques, ou opter pour des études aux USA (très à la mode à cette époque).
C’est finalement Si Chedly Ayari qui a tranché pour moi puisqu’il m’avait choisi parmi les mieux classés pour faire un PHD en sciences économiques dans une université américaine (Université du Minnesota puis l’Université du Colorado). Assez vite, j’ai trouvé ces études très éloignées des réalités tunisiennes, des contraintes locales, du modèle de développement de la Tunisie et de notre environnement économique.
J’ai donc décidé de quitter les Etats-Unis d’Amérique et d’aller en France préparer mon doctorat d’économie à Paris.
Je m’inscrivis alors à la faculté de Droit de Paris Panthéon pour un DES en sciences économiques et par le fait du hasard, j’y ai retrouvé deux de mes camarades de licence qui m’ont appris qu’en plus du DES qu’ils étaient en train de terminer, ils avaient entamé des études d’expertise comptable à la demande du ministère de l’Economie et des Finances d’alors, via des bourses octroyées par la FAO.
J’ai trouvé leurs choix et leurs arguments pertinents.
Mes deux amis considéraient à juste titre qu’ils allaient enfin vivre les réalités de l’économie tunisienne. Ils estimaient que grâce à ce nouveau cursus, ils allaient pouvoir les faire évoluer, les corriger et les maîtriser.
Tout de suite, convaincu par ce changement de cap, je me suis rendu à Tunis pour organiser ce tournant dans mon parcours et me voilà inscrit à l’INTEC, relevant du Conservatoire des Arts et Métiers de Paris.
Grace à quelques dispenses et à la double certification en vigueur en ce temps-là (Diplômes d’Etat et Diplômes INTEC), j’ai pu rapidement entamer mon stage professionnel et obtenir mon certificat de révision comptable.
Après un premier stage à la CGF, j’ai intégré un cabinet anglo-saxon du nom de PMM à Paris. Une opportunité exceptionnelle puisque c’est là que j’ai compris la véritable envergure de l’expertise et son importance au niveau international.
Il faut dire aussi que c’étaient les années où les grands cabinets anglo-saxons ont déferlé sur l’Europe et particulièrement sur la France.
Un autre hasard survint: PMM a été choisie par la Banque mondiale pour auditer la BDET Tunis de concert avec le cabinet Finor de Si Abdeljalil Mouakher: peut-être parce que Tunisien, j’ai été chargé de procéder à la revue régulière des travaux d’audit des 2 cabinets depuis Paris.
Cette mission «tunisienne» gérée depuis Paris a été décisive pour moi. J’ai compris que j’ai réellement trouvé ma voie et qu’il me fallait m’impliquer encore plus et d’une manière définitive dans ce métier que j’ai tout de suite aimé, quitte à reporter la rédaction de ma thèse de Doctorat à plus tard.
Un autre fait du hasard s’était alors présenté à moi: deux de mes patrons et amis au sein de PMM ont compris que j’avais l’ambition de rentrer à Tunis et d’ouvrir mon cabinet d’expertise comptable. Nous étions en 1974, et la Tunisie s’ouvrait à l’économie privée et à l’international. J’ai pensé que c’était le bon moment pour me fixer à Tunis.
Mes deux amis, mis dans la confidence, m’ont soutenu dans ma décision et m’ont conseillé de prendre l’attache d’un réseau international qui venait de se constituer du nom de KMG. Ce réseau avait l’ambition d’intégrer dans sa galaxie des cabinets locaux dans plusieurs pays, dont la Tunisie.
C’est ainsi que j’ai fondé mon cabinet en 1974, en étant correspondant pour la Tunisie du réseau KMG et quelques années plus tard, suite aux fusions intervenues dans les grands réseaux internationaux d’alors (Arthur Andersen, Young, PMM, Coopers, Ernst, Lybrand, Price …), PMM prit la décision de fusionner avec KMG pour devenir KPMG, l’enseigne que nous connaissons tous aujourd’hui.
Le volume des affaires du cabinet s’est tout de suite amplifié, les compétences au sein du cabinet se sont multipliées et le cabinet est passé de correspondant à full member.
C’était pour moi des années tourbillonnantes de missions, de succès, d’expériences…
Puis vint le temps du bilan, le temps de la raison et le temps du changement dans la logique des recommandations de KPMG International. L’idée d’un successeur m’a alors littéralement habité.
Il me fallait trouver cette perle rare, ce successeur compétent, connu et reconnu dans le monde des affaires de Tunis, ambitieux et intellectuellement sain.
En vérité, le choix n’a pas été difficile pour moi, car très vite le nom de Moncef Boussannouga Zammouri (MBZ) s’était imposé à moi. En plus de toutes les qualités que je viens d’énoncer et qu’il remplissait à la perfection, c’était un ami sincère, très impliqué en ce temps-là, comme moi, dans la mise en place de notre jeune profession, sa structuration, son renforcement et son calage dans l’économie tunisienne.
J’ai alors pris mon courage à deux mains et lui ai fait part de mes intentions et du choix de la personne à laquelle je pensais. Aidé par la confiance mutuelle qui existait entre nous deux, sa réponse a été quasi immédiate : deux semaines après, c’est OK m’a-t-il dit, accompagné toutefois de deux élégantes conditions:
1- ce sera un duo qui assurera la succession : MBZ et Dhia Bouzayen
2- et l’amicale «obligation» de rester avec cette nouvelle équipe durant près de deux ans pour que la transition se passe dans les meilleures conditions.
J’ai trouvé ces deux conditions pleines de sens et tout de suite après, nous avions mis en marche la machine de la succession.
Tout cela a été fait sans le moindre accroc ou le moindre malentendu!
Me voilà alors réellement comblé et ce, pour deux raisons:
• Ce sont deux amis de confiance qui ont pris les choses en main et qui ont su garder et accompagner mes clients historiques (à ce jour, je crois pouvoir dire que ces clients historiques sont toujours clients de KPMG !)
• Ces deux amis ont su donner à KPMG Tunisie une nouvelle vie, une nouvelle dimension, une nouvelle énergie et une autre modernité, le tout dans une fulgurante ascension.
Alors pour conclure, permettez-moi de dire à vous tous bon et joyeux anniversaire.
Et longue vie à KPMG Tunisie!
Rached Fourati
Fondateur
KPMG Tunisia
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