Moungi Bawendi, Prix Nobel Chimie, à Tunis : Une grande journée, chargée d’émotions (Album photos)
Tout s’est enchainé rapidement ce mardi matin 21 mai pour le Prix Nobel Chimie 2023, Moungi Bawendi, de retour à Tunis, cette fois-ci, pour une série de célébrations. Officielles d’abord, il a été reçu en audience au palais de Carthage par le président Kais Saïed qui lui a rendu un vibrant hommage et l'a fait Grand Officier dans l'Ordre de la République. Une haute décoration en reconnaissance de sa compétence et de sa contribution à l'avancée de la science.
Son émotion est grande. Lui qui s’était partout senti « comme étranger, un outsider, perdu dans la ville américaine de Perdue », où ses parents s’étaient installés dans les années 1970, a éprouvé la joie de renouer avec ses racines profondes. Celles de son grand-père, Cheikh Abdelaziz Baouendi, décédé en 1940, de sa grand-mère Nozha Annabi, laissée veuve avec enfants, qu’elle a élevés en s’installant auprès de sa famille dans le quartier de Bab Souika. Celle de son père, Mohamed Salah Baouendi, l’éminent mathématicien (marié à Hélène Bobard), qui après avoir enseigné à la Faculté des Sciences de Tunis, est reparti en France, à Nice, avant de mettre le cap sur West Lafayette, aux Etats-Unis d’Amérique.
Diplomatiques, ensuite. En ce jour particulier, Moungi Bawendi, revenu parmi les siens en Tunisie, à l’invitation du ministère des Affaires étrangères, de la Migration et des Tunisiens à l’étranger, honoré par la République, ne pouvait se sentir seul, étranger, outsider. Il le dira lors de sa conférence, l’après-midi, à l’Académie diplomatique. Devant un aéropage d’ambassadeurs, de diplomates et de chercheurs scientifiques, il est revenu sur son parcours académique, ses recherches et ses applications qui lui ont valu avec ses deux autres co-équipiers, E. Brus et Alexei I. Ekimov, le Prix Nobel. « Un parcours très inspirant », comme l’a souligné en introduction, le ministre Nabil Ammar qui l’en a chaleureusement félicité. « Nous tenons à tisser des liens solides avec les compétences tunisiennes à l’étranger, les encourager à se mettre en réseau, et recueillir leurs propositions pour mieux communiquer avec eux » a-t-il ajouté.
S’exprimant parfaitement en français, même s’il préfère l’anglais pour les données scientifiques, et regrettant de ne pas maîtriser la langue arabe, Moungi Bawendi ne manque pas d’humour. Racontant comment il avait été réveillé, le 6 octobre dernier à 5 heures du matin, il ne pouvait s’attendre à cette heure si matinale à une bonne nouvelle. C’était à son grand bonheur pour lui annoncer qu’il a été proclamé lauréat avec ses deux aînés, du Prix Nobel. Il dira qu’il ne le réalisera que cinq minutes après, lorsqu’il a été inondé de SMS et d’appels téléphoniques. Puis, revenant sur la cérémonie de remise du Prix, le 10 décembre 2023, à Stockholm, des mains du Roi de Suède, il dira : « Si jamais vous êtes lauréat du Nobel, n’en ratez pas la cérémonie, elle est absolument grandiose. »
Gardant la tête froide, resté modeste, Moungi Bawendi livre une leçon d’excellence. Tous l’ont écouté attentivement, applaudi vivement. Malgré la fatigue du voyage, et l’émotion, tant celle de se retrouver en Tunisie, que celle d’être reçu et décoré par le chef de l’Etat, et du programme chargé qui l’attend, il était tout sourire, toute attention, toute disponibilité, saluant tous, répondant à toutes les questions.
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