Bawendi à l’ENIT… sur les traces de son père, le Prix Nobel Chimie en consécration (Album photos)
Jour 2, ce mercredi 22 mai de la visite du professeur Moungi Bawendi, en Tunisie. Après les honneurs officiels et sa décoration la veille par le président de la République, ainsi que sa conférence à l’Académie diplomatique, c’est autour de la communauté académique et scientifique de le célébrer. L’Université de Tunis le nommera professeur honoraire…
Invité d’honneur du Festival de l’ingénierie, des sciences et des technologies, organisé parl’Association des diplômés de l’ENIT (ADENIT), le professeur Bawendi, retrouvait l’ENIT, où son père, Mohamed Salah Baouendi y enseignait, au milieu des années 1960. Sa joie est immense : non-seulement il revient sur les traces de son père, cette fois-ci auréolé du Nobel Chimie 2023, mais aussi il est ravi de rencontrer étudiants, chercheurs, éminents scientifiques et universitaires de diverses disciplines, et d’illustres figures. D’anciens directeurs de l’ENIT, doyens de faculté et membres du gouvernement étaient venus nombreux pour le saluer, le féliciter et l’écouter. Le comité d'organisation a été d'un très haut niveau.
Avec sa modestie légendaire, Moungi Bawendi, était dans un total émerveillement. Lorsque le président de l’ADENIT, Amine Boussarsar dira tout l’honneur de le recevoir dans l’amphithéâtre-même où, encore très jeune, il lui arrivait d’accompagner son père faire son cours, il scrutera des yeux tous les recoins, et cherchera au fond de sa mémoire de doux souvenirs. «Les bancs ont dû être changés?», demanda-t-il. «Non ! Ils sont les mêmes!», lui répond-on. Le temps s’est suspendu.
Savoir collaborer ensemble
Pour sa conférence à l’ENIT (retransmise dans un autre amphitéâtre, sur écran dans le hall, et en direct sur internet), le professeur Bawendi n’a pas utilisé la même présentation que celle qu’il avait donnée la veille à l’Académie diplomatique. Une concentration totale sur ses recherches scientifiques, au croisement de la chimie et de la physique, le processus suivi, les difficultés rencontrées et surmontées et les expériences sans cesse poussées. Patiemment, il tracera avec beaucoup de pédagogie les grandes avancées accomplies, avec ses partenaires et les équipes constituées et les multiples applications des résultats obtenus.
Evoquant rapidement son parcours académique (depuis Harvard), en passant par l’Université de Chicago, Bell Labs et le MIT, Moungi Bawend insistera sur l’importance de la culture de l’échange et de la science, dans une démarche d’ensemble. Point de cloisonnement entre les disciplines, beaucoup de discussions libres sur divers sujets, et un grand capital de confiance étaient à la base. C’est le résultat final qui comptera en définitive. La grande question a toujours été de savoir comment collaborer ensemble, comment avancer ensemble.Sur les bancs, les présents suivaient sa présentation, soigneusement préparée, s’abreuvant de ses paroles.
On pourra compter sur notre Nobel tunisien
La deuxième séquence, sous-forme de talk, animée par le professeur Refaat Chaabouni, confirmera l’importance de la culture de l’échange, de la curiosité scientifique, et de l’investigation continue. «Nous avons la chance d’avoir un Prix Nobel Chimie tunisien, et de pouvoir compter sur lui afin de soutenir nos chercheurs», conclura-t-il.
Pas besoin d’émigrer à l’étranger pour réussir
Le débat avec la salle sera bien animé. «Je me suis toujours interrogée quand serions-nous producteurs de sciences?» dira la professeure Faouzia Charfi, l’éminente physicienne. «C’est par des rencontres comme celle d’aujourd’hui que l’on avancera dans la construction de la culture scientifique dans notre pays, que l’on fera avancer la tradition de la recherche scientifique», a-t-elle ajouté. D’autres questions scientifiques pointues suivront, puis deux jeunes étudiants ont parlé en toute franchise. Le premier s’interrogera à haute voix: «Pourquoi avons-nous attendu si longtemps avant d’inviter le professeur Bawendi en Tunisie et de célébrer ses réussites avant son obtention du Nobel? Juste intéressez-vous à tant de compétences, juste donnez-nous l’opportunité d’exceller.»
La seconde, évoquera une problématique cruciale: «Sommes-nous obligés de partir à l’étranger pour réussir? N’en sommes pas nous capables, tout en restant en Tunisie?»
Inspirant, motivant, Moungi Bawendi sera, également, rassurant. «De nombreuses recherches sont faciles à conduire, certaines expériences et manipulations ne sont pas très compliquées, et n’ont pas besoin, au départ, de beaucoup de ressources. C’est plus tard, qu’il va falloir mobiliser plus de moyens. Il n’est pas nécessaire d’émigrer à l’étranger pour réussir. Vous pouvez y parvenir avec les moyens du bord, en restant au pays. Et avancer sans cesse.»
Professeur honoraire
Tous auraient aimé que la rencontre se prolonge encore plus longtemps. Le président de l’Université de Tunis, le professeur Moez Chafra devait passer à la clôture.
Une grande surprise attendait alors le professeur Bawendi: l’Université de Tunis l’a nommé professeur honoraire. «C’est une invitation ouverte, à tout moment, et dans toute discipline», précisa-t-il. Applaudissements nourris. Emotion. Et une série de photos de famille.
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