Les autorités tunisiennes se déclarent ouvertes à toutes les formes d'expression et fermes contre la violence
«Les doléances exprimées sont légitimes, sans tabous. Nous les comprenons parfaitement et nous œuvrons pour y apporter les réponses immédiates. Toutes les formes d’expression, sociales et politiques, y compris les rassemblements et les marches pacifiques, sont aussi compréhensibles et acceptables, tant qu’elles ne s’accompagnent pas d’actes de violence et ne dégénèrent pas en vandalisme.» Devant de nombreux journalistes tunisiens et étrangers, conviés une heure auparavant, mardi soir au premier point de presse qu’il donne depuis sa nomination dans ses nouvelles fonctions, le ministre de la Communication, M. Samir Laabidi ne pouvait être plus clair.
«Notre réponse est double, poursuivra-t-il : l’action économique et sociale, et le dialogue et l’élargissement du périmètre de l’expression des libertés publiques. Notre stratégie est d’introduire les réformes nécessaires, de recentrer les programmes et d’élargir de manière significative les pratiques démocratiques et d’établir le dialogue avec toutes les parties, sociales et politiques.»
«La grande ligne rouge de démarcation à ne pas laisser franchir, c’est la violence, que nous ne saurons accepter, ni tolérer, a-t-il souligné. Nous prêtons une écoute attentive, nous corrigeons et rééquilibrons, nous nous ouvrons à tous, mais nous ne laisserons jamais l’insécurité s’installer. Le grand défi pour nous tous, c’est de laisser les préoccupations s’exprimer, sans dégénérer en actes de déstabilisation et de ne pas tomber dans le piège de la violence.»
Un bilan lourd: 21 victimes durant les 3 derniers jours et des dégâts matériels importants
Dressant le bilan des incidents survenus durant ces trois derniers jours, le ministre a mentionné que le chiffre réel des pertes humaines, bien déplorables, s’élève à 21 victimes, précisant qu’aucun décès n’est intervenu lors de marches pacifiques et que les tirs en légitime défense n’ont concerné que des assaillants ayant attaqué des édifices publics et tenté d’atteindre à des vies humaines. Il a cité à cet égard le cas de l’attaque menée par des éléments extrémistes contre un poste de police qui ont poursuivi les agents de l’ordre dans leur retraite d’un étage à l’autre, jusqu’à sur le toit.
Quant aux dégâts matériels enregistrés, le chiffrage est en cours d’évaluation, mais s’annonce bien lourd. Un état détaillé en sera fourni, dès que possible.
Evoquant l’identité des fauteurs de troubles et pillards, le ministre a révélé que les enregistrements des caméras de surveillance installées dans des établissements financiers notamment des agences bancaires ont montré des hommes cagoulés qui se sont adonnés à l’effraction au pillage.
"Lors des manifestations de rues, a-t-il, indiqué, des groupuscules d’obédiences religieuses et politiques extrémistes, bénéficiant de financement, s’infiltrent dans les rangs pour inciter à la violence et s’adonner à des actes de vandalisme, poussant notamment les enfants et les jeunes à ourdir des actes odieux. En tous les cas, la justice a ouvert l’instruction et fera la lumière sur les évènements, leurs auteurs et- leurs mobiles. D’ores et déjà, il a été établi que nombre d’élèves ont été ainsi entraînés à la fabrication de cocktail Molotov et à leur utilisation. Et tous ceux dont la bonne foi a été abusée, ont été libéré et remis à leurs parents sous leur caution de bonne conduite.»