Mohamed Kilani: Hommage à Abderrazak Cheraït
En 2008, Mohamed Kilani, alors directeur commercial de la BH, s’est rendu à Tozeur pour assister à titre professionnel au Festival international de la musique. Les sensations vécues lui ont inspiré cette lettre adressée le 21 avril 2008 à Abderrazak Cheraït qui vient de nous quitter. Cet hommage garde, seize ans après, toute son actualité et toute sa sincérité.
Cher Monsieur Abderrazek Chraït
Je suis rentré de Tozeur après un séjour de deux jours avec une sensation, une conviction et un espoir.
La sensation résulte d’une réaction d’un mélomane devant cette déferlante musicale sans pareil dans l’histoire de la Tunisie avec cette sélection savamment établie et qui n’a pas lésiné sur les moyens pour nous procurer un bonheur ininterrompu et qui se prolonge encore après la clôture du festival.
La conviction concerne l’œuvre colossale réalisée par Abderrazek Chraït, le culturaliste, le maire et le bâtisseur. En agissant de sorte que Tozeur soit la ville tunisienne qui a le mieux épousé son environnement naturel, il a montré la voie et préservé l’identité de la cité sans écarter les instruments de la modernité. A Tozeur l’âme est parlante, intacte et souveraine.
L’espoir découle de ce qu’offrent les fondamentaux de la ville pour que sa résonance soit toujours forte à la condition de chercher la synergie entre tous les opérateurs. Le festival international de la musique mérite aujourd’hui de devenir une tradition et c’est grâce à de telles actions que Tozeur évoluera davantage dans l’imaginaire des citoyens du monde.
Reste un souhait : que Abderrazek Chraït soit constamment insatisfait pour produire encore mieux. C’est le meilleur moteur pour faire avancer le monde. Ce que vous avez réalisé jusque-là, et c’est déjà énorme, ne vous appartient plus, mais plutôt à Tozeur et aux autres. Votre responsabilité est de plancher sur les nouveaux projets. Vous avez placé la barre très haut, alors assumez.
Mohamed Kilani
PS : Deux ans après, Abderrazek Chraiet a été démissionné de la mairie au terme d’une cérémonie dont seul l’ancien régime en connaissait les mobiles et la technique.
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