Rating Souverain de la Tunisie : Pour que la révolution ne tourne pas au cauchemar ?
Deux des trois agences de notation américaines leaders dans le secteur ainsi que R&I (Agence de notation Japonaise) ont décidé de prendre des actions négatives sur leurs notations souveraines de la Tunisie. Ces actions vont d’une dégradation significative de deux plots (comme R&I) à une mise sous surveillance négative des notes (pour Standard & Poor’s et Fitch). Suite à ces actions, les nouvelles notes souveraines de la Tunisie sont comme suit :
- Standard & Poor’s : dégradation de la note monnaie locale avec mise sous surveillance négative de « A-/Stable/A-2 » à « BBB+/CWT Neg/A-2 » et affirmation de la note en devise étrangère avec placement sous surveillance négative : « BBB/CWT Neg/A-3 »
- Moody’s : Aucun changement pour l’instant, la note reste à « A3/P-2 »
- Fitch : Affirmation de la note devise étrangère avec placement sous surveillance négative « BBB/CWT » de « BBB/Stable »
- R&I : dégradation de la note devise étrangère avec placement sous surveillance négative à « BBB/CWT Neg » de « A-/Stable ».
Leaders s’est entretenu avec un analyste crédit qui souhaite garder l’anonymat afin de comprendre les impacts de ces actions sur l’économie Tunisienne.
Leaders: Comment voyez-vous les récentes actions prises par les agences de notation ?
Ces actions ne sont pas surprenantes. En effet, une des composantes du rating souverain est le cadre politique et ce que traverse la Tunisie en ce moment, notamment, en termes d’invisibilité politique à court terme, ne peut qu’avoir un impact négatif sur la notation souveraine du pays. De plus, l’impact des événements politiques récents sur l’économie est encore incertain. Rappelons que la Tunisie dépend de son secteur touristique (7% du PIB et plus de 400,000 emplois) et des investisseurs étrangers pour le financement du déficit de son compte courant. Cependant, je pense que la réaction des trois agences américaines (une mise sous surveillance ou une dégradation d’un plot plutôt qu’une dégradation plus importante) donne une chance pour le pays afin de stabiliser rapidement son cadre politique et donner plus de visibilité. En l’absence de cette stabilisation, les notes seraient sous pression et l’impact sur l’économie tunisienne pourrait être plus important.
Leaders: Quel sont les impacts à court et moyen termes de ces actions ?
A court terme, le coût de la dette en monnaie étrangère augmentera certainement ce qui pourrait impacter les équilibres macroéconomique et notamment la balance des paiements. A moyen terme, l’impact pourrait être plus important si les notations ne sont pas stabilisées ou si elles sont encore dégradées. Cela pourrait rendre l’accès aux marchés financiers plus difficile et réduirait la capacité de la Tunisie à attirer des investisseurs étrangers ce qui entraînera une réduction de la croissance économique et de la capacité de création d’emplois.
Leaders: Comment la Tunisie pourrait elle stabiliser ses notations souveraines et éviter le pire ?
Je pense que dans un premier temps, la Tunisie a besoin de stabiliser son cadre politique et sécuritaire. S’agissant du cadre politique, La population qui a crée la révolution devrait, à mon sens, laisser le gouvernement d’union nationale mettre en place les chantiers nécessaires pour stabiliser le cadre politique en vue de convoquer des élections anticipées. Les membres du gouvernement d’union devraient être solidaires et remplir la mission qui leur a été confiée par le peuple tout en regagnant sa confiance. Dans un deuxième temps, les différents candidats aux élections devraient aussi être aussi clairs que possible par rapport à leur programme en matière de politique économique. S’agissant de la situation sécuritaire, il faut impérativement rassurer les parties étrangères (tourisme, investisseurs, etc.) et locales (consommateur tunisien) afin que la croissance du tourisme reprenne, que les investisseurs étrangers continuent à mettre en œuvre leurs programmes d’investissement et que le consommateur local continue à consommer. Une fois le cadre sécuritaire stabilisé, l’activité économique intérieure devrait aussi reprendre à plein régime.