Rafaa Ben Achour
Le Pr Rafaa Ben Achour met en garde contre les manœuvres politiciennes qui prennent le dessus et font oublier pourquoi cette révolution a eu lieu. Il estime que pour la mise en œuvre des grands chantiers, il faut un rétablissement rapide de la confiance en l’Etat. Interview.
Comment avez-vous vécu ces moments historiques ?
J'ai vécu ces moments historiques comme tout Tunisien avec fierté et optimisme quant à l'avenir démocratique de notre pays. C'est la première fois dans notre aire géographique qu'un ras le bol populaire spontané débouche sur la chute d'un régime décrit jusque là comme très solide et stable. Il s'est avéré que la longévité de ce régime n'était pas synonyme de stabilité et que malgré le quadrillage musclé de la population, rien n'a pu stopper ce mouvement de l'émancipation.
Quelles sont les erreurs à ne pas commettre ?
L'erreur fatale c'est de voir les manoeuvres politiciennes prendre le dessus et d'oublier ce pourquoi cette révolution a eu lieu. Il y a lieu donc de s'attaquer au déséquilibre régional, à l'enrichissement illicite, à l'arrogance, au chômage, etc. Pour pouvoir ouvrir ces grands chantiers, il faut un rétablissement rapide de la confiance en l'Etat. Si le Tunisien sent que l'Etat n'est toujours pas à son service, nous risquons le pire.
Comment réussir la transition et quel est le rôle de la rue et la responsabilité des politiques ?
Toute transition démocratique passe par des moments de doute, par des moments de flottement, par des moments de désordre, par des moments de tergiversations, mais il ne faut pas que cela dure trop longtemps. Il faut être à l'écoute de la rue, ne pas trahir le sang versé et se mobiliser tous vers la réalisation de l'objectif du rétablissement de la souveraineté populaire.