Les précisions utiles d'Ahmed Friaa
Recueillement à la mémoire "des martyrs de la révolution", nette amélioration de la situation sécuritaire, remise de visa à trois nouveaux partis politiques, octroi de passeport à tout Tunisien, respect des droits d’expression et de manifestation, levée de toute censure sur les sites internet, arrestation de 33 personnes appartenant aux familles apparentées au président déchu , saisie des bijoux et d’importantes sommes d’argent en leur possession et présentation à la justice, et des précisions sur d’autres arrestations : la conférence de presse tenue vendredi par M. Ahmed Friâa, ministre de l'Intérieur, a permis de livrer nombre de détails attendues par l’opinion publique et de clarifier certaines positions.
M. Ahmed Friâa, ministre de l'Intérieur, a affirmé que la situation sécuritaire dans l'ensemble du territoire tunisien connaît une nette amélioration. Au début de cette rencontre avec les représentants des médias, le ministre a fait part de ses condoléances aux familles des victimes qu'il a qualifiés de "martyrs de la révolution", mettant l'accent sur la solidarité du gouvernement et son appui aux familles des martyrs, qu'il considère comme étant "les plus loyaux à la patrie" pour les sacrifices louables qu'ils ont consentis et pour avoir fait don de leur vie pour la Tunisie, une Tunisie libre, démocratique et juste.
S'agissant de la situation sécuritaire, le ministre a indiqué que la situation s'achemine vers l'apaisement, appelant les Tunisiens à faire preuve de plus de vigilance et à unir leurs rangs pour préserver les acquis de la nation, saluant tous les Tunisiens et toutes les Tunisiennes, ainsi que les agents de l'ordre qui ont défendu leur pays avec courage et qui ont placé l'intérêt supérieur de la nation au-dessus de toute autre considération.
Au niveau politique et des droits de l'homme, M. Friâa, a indiqué que tous les partis ayant déposé de nouvelles demandes de visa d'activité politique ont reçu une réponse favorable, à l'instar du Parti Tunisie Verte, du Parti Socialiste de Gauche et du Parti du travail patriotique et démocratique de Tunisie, précisant qu'un nouveau parti, a déposé jeudi une demande de visa d'activité politique, à savoir le parti du Baath.
Il a précisé que le "pays est favorable à l'application des principes qui sous-tendent la liberté d'opinion, et que tous ceux qui ont déposé une demande de visa de constitution d'un parti politique, et qui ont réuni les conditions juridiques requises, auront droit à cette autorisation, partant du fait que la Tunisie est désormais pluraliste et qu'il est impératif de préserver ce pluralisme, ce qui, a-t-il précisé, fait la force du modèle tunisien, en matière de promotion de la démocratie et de la vie politique en Tunisie."
Au sujet des passeports, le ministre a souligné que tout Tunisien dont la nationalité a été prouvée, et qui souhaite obtenir un passeport, est en mesure de bénéficier de ce droit, partant d'un principe général qui reconnaît à tout Tunisien le droit à un passeport.
Concernant les autres mesures relatives à la promotion des libertés, le ministre a fait remarquer que les manifestations se déroulent de manière pacifique et que les agents de l'ordre n'ont pas intervenu, le principe étant que tout citoyen a le droit de s'exprimer en toute liberté sans porter préjudice aux intérêts d'autrui.
En matière d'Internet, le ministre a indiqué qu'aucun site web ne sera censuré sur la toile et que cela ne pourra se faire que sur demande de la justice, soulignant qu'à l'heure actuelle, aucune autorité n'est exercée sur les médias en Tunisie et qu'en cas de preuve contraire, le ministère est disposé à étudier les cas qui lui seront présentés et à prendre les mesures idoines pour y remédier.
Arrestation de 33 personnes apparentées au président déchu
Pour ce qui est de la situation sécuritaire, M. Friâa a indiqué qu'il a été procédé à l'arrestation d'un groupe de 33 personnes appartenant aux familles apparentées au président déchu, et qu'ils ont été déférées devant la justice et font l'objet actuellement d'une enquête.
Il a, également, indiqué que des bijoux et d'importantes sommes d'argent, qui étaient en leur possession, ont été saisis, avant d'être filmés par la télévision tunisienne.
Le ministre a ajouté que 1200 personnes qui ont terrorisé la population et commis des actes inacceptables, ont été arrêtées, relevant que certains d'entre eux dont l'implication n'a pas été prouvée ont été relaxées et que 382 personnes ont été déférées devant la justice, sous diverses accusations, telles que le port d'arme illégal, le pillage et le recours à la violence.
M. Friâa a ajouté que des armes, de genres différents, ont été trouvés, enfouies sous terre, dans certaines maisons, relevant qu'elles ont été saisies, et que les enquêtes sont en cours en pleine coordination avec l'autorité judiciaire afin d'identifier leurs titulaires.
Le ministre a ajouté, en outre, que personne n'est au-dessus de la loi et que la loi sera appliquée à tous, partant du fait que notre pays a franchi une nouvelle étape fondée sur la justice et la liberté sans préjudice des biens appartenant à autrui, appelant l'ensemble des Tunisiens à unir leurs rangs afin de parvenir à réaliser les aspirations de tous.
Après avoir indiqué le nombre des morts parmi les forces de la sécurité intérieure et qui s'élève à cinq agents, le ministre a souligné, dans un éclaircissement à l'agence Tunis Afrique Presse, que le nombre des morts parmi les agents de la police a atteint huit agents, après la mort de trois autres qui ont succombé à leurs blessures, précisant que leurs familles seront contactées pour leur apporter le soutien et le réconfort nécessaires.
Répondant aux interrogations des représentants de médias, le ministre a fait observer que plusieurs proches du président déchu et de sa femme, tous âges confondus, qui sont au nombre de 33, sont actuellement en état d'arrestation, faisant remarquer que la loi interdit de divulguer leurs prénoms, dès lors qu'ils font l'objet d'enquête et que la délivrance de l'identité détaillée de ces personnes sera faite en temps opportun aussitôt la justice prononce son jugement à leur égard.
Mohamed Imed Trabelsi est encore en vie et qu'il est sujet à une enquête
Il a ajouté que certains membres de la famille de l'ex-président et de sa femme ont quitté le pays, depuis le 14 janvier, dans la matinée, soulignant, dans ce contexte, que Mohamed Imed Trabelsi est encore en vie et qu'il est sujet à une enquête.
Pour ce qui est de la possibilité d'extrader des personnes en fuite parmi les proches de l'ex-président et de sa femme, le ministre a ajouté que la Tunisie a conclu avec la plupart des pays du monde des conventions d'extradition à cet effet, précisant que toute fuite de la Tunisie est vaine pour ces gens et que cette affaire relève de la compétence de la justice et du ministère chargé d'exécuter toute décision s'y rapportant.
M. Friâa a ajouté que l'ancien directeur de la sécurité présidentielle, Ali Seriati, est actuellement en état d'arrestation et qu'il fait l'objet d'une enquête menée par la justice, tout comme plusieurs de ses collaborateurs, mettant l'accent sur l'impératif d'éviter toute généralisation quant à la position du corps de la sécurité présidentielle, appréhendé dans sa globalité.
Il a déclaré, à ce propos que les membres de ce corps sont aujourd'hui au service de la révolution que vit le Tunisie.
Il a insisté sur le fait que l'agent de police est au service du citoyen et du régime républicain et que le devoir commande d'être en phase avec les exigences de la nouvelle étape franchie par la Tunisie, une étape dans le cadre de laquelle la relation entre l'agent de police et le citoyen devrait se fonder sur la confiance mutuelle et le respect de la Loi.
Aucune ambition personnelle
En ce qui concerne les réactions suscitées par son allocution diffusée récemment par les chaînes télévisées et les nombreux commentaires qu'elle a suscitées, M. Friâa a souligné qu'il n'a pas d'ambitions personnelles et que la conjoncture l'a contraint à occuper ce poste, ajoutant que le ton enthousiaste avec lequel il s'est exprimé lors de la conférence de presse qu'il a tenue, procède d'un sens patriotique aigu et d'un sentiment de douleur ressenti suite aux appels au secours des citoyens reçus par le centre d'appel du ministère de l'Intérieur, ainsi que de sa volonté de préserver les acquis de la révolution, de ne plus revenir en arrière et de transférer le pouvoir à celui qui sera élu dans quelques mois par le peuple, dans le cadre de la liberté et de la démocratie.
M. Friâa a souligné qu'il a quitté le gouvernement depuis 10 ans et qu'il est revenu à la tête du ministère de l'Intérieur, dans des conditions difficiles et exceptionnelles, en réponse aux appels du devoir, affirmant que "mon objectif ultime est d'être au service de la Tunisie et non pas de réaliser des ambitions personnelles".
(TAP)