News - 08.11.2025

Le moringa: Un arbre parfait pour la nutrition, la santé et l’environnement

Le moringa: Un arbre parfait pour la nutrition, la santé et l’environnement

Par Ridha Bergaoui - Depuis quelques années, le moringa a le vent en poupe. Il est passé en peu de temps de plante marginale à nouvelle ressource alimentaire, médicale et économique. Originaire du nord de l’Inde, où il est cultivé depuis des siècles, le moringa (moringa oleifera) est aujourd'hui cultivé dans de nombreuses régions du monde (Asie du Sud-Est, Caraïbes, Amérique latine et Afrique). Récemment introduit en Tunisie, il y suscite un intérêt croissant pour ses multiples bienfaits et sa remarquable capacité d’adaptation.

Le moringa, surnommé également «arbre magique» ou «arbre de vie», jouit d’une popularité grandissante là où il a été introduit en raison de ses multiples bienfaits et ses nombreux usages. Avec sa résilience face aux conditions difficiles et sa tolérance à la sécheresse, le moringa s’est montré également un allié de choix pour s’adapter au dérèglement climatique.

Le moringa, un arbre à tout faire

Moringa oleifera est l’une des 13 espèces de Moringa, la plus cultivée en raison de son usage polyvalent dans l’alimentation tant humaine qu’animale et de ses utilisations thérapeutiques. C’est un arbre à croissance extrêmement rapide, pouvant atteindre 3-4 m dès la première année et jusqu’à 12 m plus tard s’il n’est pas taillé. L’arbre peut vivre jusqu’à 20 ans. Le moringa aime le soleil et tolère bien la chaleur. Il supporte bien la sécheresse et peu exigeant pour la qualité du sol. Sa culture nécessite peu de ressource et peu d’eau, quoiqu’un minimum soit nécessaire, surtout en été, pour un rendement foliaire élevé. Sa multiplication se fait par graines ou par boutures ligneuses. Le désherbage et la fumure organique améliorent la productivité du moringa. La taille régulière, sévère, favorise une ramification basse et un feuillage abondant. Le moringa supporte bien la taille répétée. A chaque coupe, de nouvelles pousses augmentent le rendement en feuilles. La densité de plantation dépend de l’objectif de la culture. Pour une bonne production de feuilles en coupe fréquente, on choisit des espacements serrés et des tailles régulières. Cultivé comme pour ses fruits, des espacements plus larges sont nécessaires.Le moringa développe une puissante racine en pivot, qui peut aller jusqu’à 2 m de profondeur, permettant à la plante d’accéder à l’humidité du sous-sol et de résister à de longues périodes de sécheresse. Il développe également des racines latérales, faisant du moringa un arbre idéal pour stabiliser les sols, prévenir l’érosion et restaurer les terrains dégradés. Sa culture favorise une reforestation rapide et durable, plus particulièrement dans les zones arides. Le tronc du moringa est droit, relativement fin (de 10 à 30 cm de diamètre). L’arbre peut servir comme haie et brise-vent et le bois convient parfaitement pour le chauffage ou comme tuteur pour les arbustes.

Les feuilles peuvent mesurer de 20 à 60 cm de long et sont composées de nombreuses petites folioles fines. Elles sont comestibles (surtout les feuilles jeunes, tendres, hautement nutritives). Elles sont récoltées tous les 15 à 30 jours et peuvent être utilisées fraîches ou séchées pour leurs propriétés nutritionnelles et médicinales. La production annuelle de biomasse utilisable est importante, surtout en irrigué (jusqu’à 15-25 tonnes/ha/an de feuilles fraiches). Ses feuilles peuvent être utilisées comme fourrage de haute qualité, riche en protéines (25-30%). Le moringa améliore la structure du sol et sa fertilité par l’intermédiaire des feuilles riches en azote qui tombent par terre.

Les fleurs en panicules sont blanches, parfumées et hermaphrodites. La floraison commence 6 à 8 mois après le semis et peut durer toute l’année. La fécondation se fait par les abeilles et autres insectes pollinisateurs, ce qui fait du moringa une source de pollen et de nectar intéressante qui favorise également la biodiversité.

Les fruits, en gousses longues, cylindriques et pendantes, peuvent atteindre 25 à 45 cm de long. A maturité, ils libèrent entre 12 et 25 graines. Les jeunes gousses vertes sont comestibles, cuisinées comme des haricots verts et consommées comme légume. Les graines, oléagineuses, contiennent de 35 à 40 % d’huile, utilisée surtout en cosmétique. Les tourteaux des graines servent comme floculent naturel pour purification de l’eau, une propriété précieuse dans les régions arides.

Composition et bienfaits santé du moringa

Le moringa est souvent qualifié d’« arbre miracle » ou « arbre de vie » en raison de la composition et de la richesse exceptionnelle de toutes ses parties, surtout les feuilles, en nutriments, vitamines, minéraux et composés bioactifs. Depuis des siècles, la médecine ayurvédique utilise le moringa pour ses vertus thérapeutiques, le considérant efficace contre la plupart des maux.

Les feuilles sont la partie la plus utilisée. Séchées, elles deviennent un «superaliment» naturel, hautement concentré. Cent grammes de feuilles sèches contiennent 25-30 g de protéines, 2 g de calcium, du potassium, du magnésium, du fer et de la vitamine A, C et E en des quantités relativement importantes. Les graines (riches en huile et en acide oléique), les fleurs et les gousses contiennent aussi des protéines, des lipides et des antioxydants. Ils contiennent également différents composants bioactifs, des tanins et des acides gras essentiels. Ces éléments représentent des antioxydants importants qui jouent le rôle d’anti-inflammatoires, protecteurs cardiovasculaires, anticancéreux potentiels, antibactériens, antifongiques et protecteur du foie.De nombreux bienfaits santé ont été scientifiquement reconnus comme la lutte contre la malnutrition (les feuilles sont très riches en éléments nutritifs), protection cardiovasculaire et régulation du cholestérol avec une amélioration de la tension artérielle et de la circulation sanguine. Le contrôle du diabète (extraits des feuilles, le moringa stimule la sécrétion d’insuline), l’activité antioxydante et anti-inflammatoire, l’efficacité contre les bactéries pathogènes, les champignons et certains virus ont été également confirmés. Le moringa possède des effets digestifs et hépatiques, il stimule l’appétit, améliore la digestion, protège le foie et favorise la détoxification naturelle de l’organisme. La vitamine A et les antioxydants améliorent la santé des yeux et de la peau. Les huiles extraites des graines de moringa sont utilisées en cosmétique pour leurs propriétés hydratantes et régénératrices pour des soins capillaires, en parfumerie et produits de soins (savons, crèmes).

Dans le moringa, tout est bon, les feuilles (fraîches, cuites comme les épinards, ou en poudre ajoutée à des soupes, bouillies, smoothies), les gousses immatures (cuisinées comme légumes) et les jeunes pousses. La poudre de feuilles est un concentré de nutriments, facile à incorporer dans toutes les préparations ou dans des boissons détox.Les feuilles fraîches, lavées et hachées finement, peuvent être ajoutées aux salades ou aux soupes. On peut les faire cuire comme des légumes, et les inclure dans les repas. Elles peuvent servir d’alternative au thé ou au café et profiter d’une boisson énergisante, sans le côté excitant que l’on retrouve dans le thé ou le café, pour booster ses capacités cognitives et bien commencer sa journée. Ses composants stimuleraient la sécrétion de la sérotonine, de la dopamine et de la noradrénaline, des neurotransmetteurs qui régulent notre humeur, la sérénité, le plaisir et la motivation. Il faut signaler toutefois que l’excès de poudre de feuilles (plus de 10 g/jour) peut causer des troubles digestifs. De plus, le moringa présente des effets secondaires possibles et des contre-indications, notamment pour les femmes enceintes. Les racines et les écorces contiennent des alcaloïdes potentiellement toxiques et leur usage à des fins médicinales doit être prudent.

On trouve le moringa sous forme de feuilles (fraîches ou sèches), de la poudre de feuilles, huile de graines, extraits concentrés (compléments alimentaires), dans les cosmétiques, les produits de clarification d’eau (coagulation par graines broyées), etc.

Le moringa en Tunisie: une culture émergente et prometteuse

Le moringa a été introduit en Tunisie dans les années 2010 par des initiatives privées ou associatives, surtout dans les régions de Sfax, Mornag, Monastir et Tataouine, dans le cadre de la lutte contre la pauvreté, la malnutrition, la désertification, l’adaptation au réchauffement climatique et la dégradation des sols dans le sud aride et les zones marginales. Malheureusement, une partie de ces plantations a été conçue d’une façon « anarchique », peu encadrée et planifiée et parfois par des personnes alléchées par les prix de vente, supposés élevés, de la poudre de feuilles de moringa, et de gains importants et faciles. Les surfaces plantées restent très limitées et les productions faibles.La culture du moringa, à côté de ses bienfaits cités plus haut (environnemental, nutritionnel, thérapeutique…) peut améliorer les revenus des agriculteurs, leur état nutritionnel et sanitaire, servir d'aliment pour le bétail et même contribuer à la production de miel. Cela leur permet également de diversifier leurs revenus par la vente des produits du moringa (feuilles fraîches, poudre, huile et produits transformés).

Pour réussir l’adoption et le développement harmonieux de cette culture, il est nécessaire d’encadrer, de former et d’accompagner les agriculteurs par des formations appropriées (techniques culturales et transformation), des accès aux marchés, une normalisation des produits et une bonne organisation des producteurs en filière structurée.Le moringa peut également être utilisé dans des projets d’agroforesterie, de conservation des sols, de lutte contre la désertification et de reforestation des zones ravagées par les incendies tout en générant de nouvelles sources d’emplois et de revenus.

Le moringa peut créer des opportunités commerciales intéressantes (surtout pour les feuilles fraîches ou sèches, les fruits et les graines) ainsi que la transformation industrielle et pharmaceutique. Le marché des produits à base de moringa est en pleine expansion à l’export comme localement et la demande est accrue, surtout en compléments alimentaires (poudre de feuilles, gélules, extraits, conditionnement bio, etc.). Toutefois, afin de construire et développer des filières commerciales durables et fiables, il faut garantir la qualité, la traçabilité et la conformité réglementaire des produits commercialisés.

Conclusion: un arbre d’avenir

Le moringa est un arbre exceptionnel, multi-usage, cultivé pour ses feuilles comestibles, ses gousses, ses graines riches en huile, son bois léger et ses propriétés médicinales. C’est une plante à fort potentiel nutritionnel, écologique et économique. Sa croissance rapide, sa rusticité et sa tolérance à la sécheresse en font un levier et une ressource précieuse pour le développement et la lutte contre le dérèglement climatique.

Sa culture et son développement en Tunisie doivent être bien encadrés, bien planifiés et bien organisés pour assurer la durabilité et l’efficacité souhaitées et bénéficier de tous les avantages et bienfaits de cet «arbre miracle». Ne pas le laisser entre les mains de profiteurs et de spéculateurs qui peuvent induire les agriculteurs et les citoyens en erreur avec des promesses trompeuses et faire échouer le développement de cette plante magique.Le soutien de la recherche dans le choix variétal et l’itinéraire technique est important. L’encadrement et le soutien des agriculteurs sont également primordiaux pour la réussite d’une telle culture nouvelle. La communication scientifique et rigoureuse par les médias pour l’information, la sensibilisation des consommateurs et la vulgarisation du bon usage du moringa à la fois culinaire (comme aliment à haute valeur nutritionnelle), pour le bien-être et la thérapeutique, est importante. Bien encadré, le moringa peut devenir en Tunisie une ressource stratégique au carrefour de la sécurité alimentaire, la santé naturelle et le développement durable...

Ridha Bergaoui