Sauvons ensemble notre glorieuse révolution
Le 14 janvier 2011, la manifestation de tout un peuple toutes générations et toutes classes confondues, manifestation pacifique réunissant des milliers de personnes réclamant le départ de Ben Ali et l’obtenant quelques heures plus tard marquera l’histoire de la Tunisie. Cette révolution de tout un peuple est pour nous un motif de fierté mais aussi de compassion pour les sacrifices consentis par notre jeunesse et notamment pour le jeune Mohamed Bouazizi.
Départ provisoire? Une révolte avec des dizaines de martyrs n’aurait servi qu’à éloigner pour quelques jours le dictateur ? Quelle erreur et quelle dérision vis à vis de tous les citoyens tunisiens. Elle a été rapidement réparée sous la pression de compétences juridiques et de certaines associations professionnelles en départ définitif Enfin nous voila débarrassés d’un homme dont la dictature politique, éliminant toute alternative démocratique et toute liberté individuelle doublé d’un prédateur qui a spolié tous les secteurs économiques du pays pendant 23 ans. La fierté nous habite, la liberté de parole s’exprime sur tous les tons et partout dans une ambiance de liesse populaire. C’est la gloire.
Le gouvernement transitoire comportant une dizaine de destouriens notamment dans les ministères de souveraineté n’est pas représentatif de la société civile diminuée par la démission des trois syndicalistes et d’un membre de l’opposition.
L’appel de personnalités indépendantes et syndicales à des postes ministérielles de responsabilité en remplacement de certains ministres RCD permettrait de calmer la crise politique.
L’absence de responsable de la communication a nui à la qualité de l’information du gouvernement transitoire dont les décisions ont été égrenées une à une et avec un certain retard. Elle vient d'être corrigée par la nomination d'un porte parole du gouvernement. De même l’annonce des objectifs louables définissant la mise en place de la démocratie, la défense des droits de l’Homme, aurait mérité dès le début une communication officielle de qualité; il est heureux que les trois Présidents des commissions nouvellement instituées, personnalités reconnues pour leur indépendance et leur compétence aient comblé ce manque en présentant leurs commissions, la commission supérieure de Réforme politique, la commission nationale d'établissement des faits sur les affaires de malversation et de corruption et la commission nationale d'établissement des faits sur les abus durant la dernière période. Ils n’ont pas manqué de rappeler que ce gouvernement était transitoire et qu’il avait pour but de préparer dans un délai de quelques mois l’élection présidentielle’.
Aujourd’hui les revendications particulières se font jour parfois justifiées mais qui ne relèvent pas de l’urgence. Les entreprises publiques et privées sont soumises à un harcèlement de la part des employés qui renvoient les responsables administratifs et financiers des sociétés et que penser d’un responsable syndical qui incite les ouvriers sous traitants à demander leur titularisation dans les entreprises qui les emploient partiellement et qui ne peuvent supporter cette charge salariale. Plusieurs industriels étrangers estimant que l'UGTT est en train d'aggraver la crise ont manifesté le désir de limiter leurs engagements et d’étudier d’autres destinations. Il faut enfin arrêter la chasse aux sorcières et laisser les commissions instituées jouer leur rôle.
Aujourd’hui, les indicateurs économiques tournent au rouge. Les pertes s’élèveraient plus de 3 milliards de dollars. Le taux de croissance du P.I.B risque de perdre plus de 4%. Des agences de notation viennent d’abaisser la notation financière de la Tunisie. L’arrêt de l’activité touristique pendant quelques semaines, voire quelques mois, mettra au chômage partiel plusieurs milliers de personnes et impactera négativement notre balance commerciale. La lutte contre le chômage, l’amélioration de notre économie, la répartition équilibrée des richesses répondant aux aspirations de notre jeunesse sont le meilleur garant de la pérennité de la démocratie
La reprise du travail est impérative. Il appartient à tous les responsables, société civile, partis politiques et syndicalistes de gagner ce défi et sauver notre révolution populaire.
Saadeddine Zmerli