Labyrinthe
Que faire si on est pris dans les méandres d'un labyrinthe, continuer à l'aveuglette ou revenir au point de départ pour mieux s'en sortir ?
Les événements que connait actuellement la Tunisie montrent bien que le gouvernement dit provisoire préfère poursuivre que revenir sur ses pas,il est porté en cela par son noyau dur qui sait très bien que plier à la volonté générale entrainerait la fin du pouvoir social accaparé depuis plus de deux décennies par une classe de privilégiés qui a profité de ses niveaux politiques et économiques mais qui a heureusement échoué à porter atteinte à ses niveaux culturels et humains .
La grande majorité des tunisiens a fortement ressenti le désengagement de l'État qui les a abandonné sous le choc de la mondialisation mais qui les a soumis à l'oppression,à l'injustice et à l'inégalité du régime déchu;il est tout à fait remarquable que les révolutionnaires se sont attaqué au symbole politique et économique de la classe des privilégiés.
La crise que nous vivons en ce moment et l'indécision qui plane sur un pays qui jadis loué pour sa rationalité, sa patience et sa préférence pour l'approche par étapes semble nous acheminer sur la voie du tout et tout de suite. Il faut le reconnaître et l'admettre , la crise du régime politique s'est aggravée par une crise au niveau de l'État , le pays n'arrive plus à fonctionner normalement.
En effet, plusieurs niveaux de décisions administratives et professionnelles tant au niveau central que régional sont contestés .Cela a pour cause l'action de l'ancien régime qui a abouti à vider l'État de sa substance en éliminant les hauts cadres connus pour leur forte personnalité, leur esprit critique et leurs intégrité. Toute une génération parmi eux qui avait la quarantaine au moment du coup d'État de 1987 a été éliminé. Le dysfonctionnement et la désorganisation des services et des institutions a ouvert la voie large à la violation des lois,à la spoliation des biens publics et privés.
Les membres du gouvernent provisoire aujourd'hui contestés y ont entièrement contribué c'est ce qui explique leur illégitimité .Le fait, pour certains d'entrer eux, d'exciper de leurs mains propres ne leur vaut que des circonstances atténuantes.
Crise de régime , crise d'État , l'enjeu ne permet plus d'avancer à l'aveuglette .
Quelle sera la situation lorsque la contestation prendrait un tour plus radical , que l'appareil de production et l'Administration tournant déjà au ralenti s'arrêtera, que les réserves tant individuelles que collectives auront fondu ? L'insécurité au sens le plus large pointera à l'horizon et les tunisiens remplaceront le dialogue par la violence . Le bon sens nous indique que l'intérêt de la nation et de l'État conduirait ces hommes à admettre la nécessité de rendre le tablier, ils accompliront ainsi un acte de patriotisme que la nation saura leur reconnaître un jour.
En revenant ainsi au point de départ dans le labyrinthe, on retrouvera immanquablement l'autorité légitime et la volonté générale représentée par les principes dégagés par la révolution et deux hommes qui sauront par leur sagesse et leur action baliser la voie du salut. Il s'agit d'une part du président de la république par intérim à qui il échoit d'exercer les pouvoirs qui sont les siens et de ne pas hésiter à rassembler autour de lui les représentants de la société politique et de la société civile et d'autre part , le commandant en chef de l'armée tunisienne qui a gagné le niveau le plus élevé de la légitimité en protégeant le peuple contre son oppresseur.
Nul doute que la Tunisie retrouvera rapidement l'issue de sortie si ses enfants plaçaient l'intérêt du pays au dessus des intérêts des partis et des régions, et le salut de la nation au dessus des ambitions individuelles et collectives .
Adel Kammoun