Engagement des Tour-Opérateurs français pour la relance de la destination Tunisie
"La révolte tunisienne va accélérer la transition du secteur touristique qui consommait plus de richesses qu'il n'en créait, il faut inverser la tendance et nettoyer le secteur", c'est ainsi que s'est exprimé, mercredi à Tunis, M. Mehdi Haouas, ministre du Commerce et du Tourisme.
Lors d'une conférence de presse tenue en présence d'une forte délégation de voyagistes et de médias français, le ministre a déclaré que son département est en train de préparer, en collaboration avec la profession, un plan de restructuration du tourisme tunisien.
Il y aura un soutien financier pour une relance effective du secteur, tout en y associant le secteur du transport pour trouver une solution globale au problème, a-t-il précisé.
Il s'agit d'une période extraordinaire pour le pays, il ne faut pas parler en termes de pertes mais plutôt d'investissement, a déclaré le ministre, réitérant ''l'engagement pris en vue de créer la Tunisie de demain''.
Un plan de communication sur le marché français
La visite des voyagistes français, accompagnés d'un important groupe représentant les médias (presse écrite et audiovisuelle), en Tunisie, est une initiative des professionnels français et nationaux pour une relance de la destination Tunisie.
Le pays, faut-il le rappeler, est la première destination des TO français qui ont investi massivement dans les hôtels tunisiens mais aussi dans le transport aérien. 1,4 million de touristes français ont visité la Tunisie l'an passé.
M.René Marc Chikli, président du CETO (Association des Tour-Opérateurs français ) a annoncé qu'un plan de communication sur le marché français avec les principaux acteurs du tourisme est en train d'être mis en place.
Et d'ajouter que pour aider les voyagistes à surmonter cette phase difficile, '' Il faut trouver les bons prix pour la relance, que ce soit au niveau des hôtels que du trafic aérien''.
"Nous prenons des engagements pour ne pas brader les prix sur le marché tunisien ", a-t-il estimé, ajoutant "qu'il faut aller très vite pour sauver la saison et garder le maximum de clients sur le marché tunisien".
Pour M.Georges Colson, président du SNAV (Syndicat National Français des Agences de Voyages) "on ne brade pas la Tunisie, on ne brade pas les métiers (hôteliers, transporteurs, voyagistes..), mais la bataille concurrentielle sera encore plus rude pour la Tunisie.
Nous n'avons pas le droit de demander des bradages, mais les conditions de la relance passent par l'amélioration des services avec plus de disponibilité, de réactivité et de propreté, a-t-il indiqué.
Plus vite les ventes démarrent, plus on a de chances d'améliorer la situation. En France, les agents de voyages attendent d'être les prescripteurs de la Tunisie. Il faut profiter de cette actualité pour que nos clients puissent retrouver le chemin de la Tunisie", a affirmé le responsable français.
Sur la voie de la reprise
''Nous sommes en train de réfléchir aux leviers à même de promouvoir le secteur touristique, aux actions à entreprendre dès la fin du couvre-feu, et "nous ne souhaitons pas brader nos prix", a déclaré M.Haouas.
La Tunisie a changé, les méthodes de travail doivent changer, a indiqué le ministre, appelant à ''anticiper la levée du couvre-feu, laquelle pourrait intervenir d'ici la fin de la semaine''.
Il importe de faire preuve de créativité et de réactivité, de développer des idées nouvelles, de booster les ventes via Internet et aussi de créer des évènements culturels et d'inviter des leaders d'opinion, a-t-il précisé".
Il s'agit d'une tâche difficile mais formidable, a t-il relevé, soulignant l'élan de tous les tunisiens à l'étranger vers le pays, non seulement de l'Europe mais aussi du Japon, d'Australie et des USA).
Le ministre a encore souligné que la priorité est de toucher tous les marchés, annonçant plusieurs déplacements dès la semaine prochaine et l'occupation de l'espace médiatique.
Interrogé sur la multiplications des grèves et des Sit-in, le ministre a déclaré '' la Tunisie a changé, Nous sommes en démocratie et les gens peuvent s'exprimer''. Un gouvernement mafieux dirigeait le pays et quelque soit le bilan, ce n'est pas cher payé, a-t-il précisé.
S'agissant des baisses, le ministre a indiqué qu'au mois de Janvier, les baisses des touristes ont été évaluées à (-47)% et Février ne s'annonce pas bien. ''Nous espérons amorcer la reprise dès le mois de Mars'', a-t-il précisé.
Répondant à une question sur les pertes dans le secteur touristique, M.Mohamed Belajouza, président de la fédération tunisienne de l'hôtellerie, a déclaré qu'"aucun dégât n'a été enregistré dans les hôtels et qu'aucun touriste n'a été importunité'' .
Les hôtels sont vides et la moitié des unités sont fermées, toutefois, les emplois ont été maintenus", a-t-il précisé.
Il a rappelé dans le même cadre que la fédération de l'hôtellerie a appelé ses adhérents au respect des prix contractuels, tout en améliorant l'accueil et les services.
M.Tahar Sayehi, président de la fédération tunisienne des agences de voyages a, pour sa part, estimé que si les pertes dans le secteur touristique sont "énormes", elles n'ont pas encore été chiffrées. Les ventes sont à l'arrêt actuellement et une réelle évaluation doit se faire à partir de leur reprise.
Pour la garantie d'une reprise du marché tunisien, le représentant de la FNAM (Fédération Nationale Française de l'Aviation Marchande), a recommandé d'agir pour convaincre les donneurs d'ordre français (Agences de voyages ), de mener des actions d'envergure dans ce sens et de les faire venir en masse en Tunisie.
" Le plus compliqué dans la reprise, c'est qu'elle est progressive, d'ou l'importance de faire preuve de souplesse dans la programmation aérienne " a-t-il affirmé, précisant qu'un retard de 50% est enregistré dans la programmation des vols.
Il a assuré, par ailleurs, que la programmation des lignes régulières pour Djerba et Monastir a été maintenue.
Les représentants des agences de voyages se sont déclarés très confiants dans la reprise du marché tunisien, estimant que le rythme des ventes doit s'accélérer et qu'il faut faire repartir la destination d'ici la fin de la semaine. Reste à convaincre les touristes et à faire valoir la proximité et l'accessibilité de la destination...