Al Mawkif, Attariq et Mouatinoun : quel avenir pour la presse militante ?
Débordée, sans nul doute ! Revigorée, plus que jamais ! La presse des partis, jadis d’opposition, était elle aussi surprise par l’éruption de la révolution. Al Mawkif (hebdomadaire, organe du PDP), Attariq (hebdomadaire du Parti Attajadid) et Mouatinoun (contraint à devenir mensuel, organe du FTDL), sont ceux qui ont le plus enduré, le plus souffert, le plus milité. Alertes, informations et analyses leur ont valu procès, saisies, retraits des kiosques, et autres entraves de parution et de distribution, en plus du bannissement de la publicité publique. Ce prix, cher payé, cette lutte pour la liberté et le respect des droits de l’Homme est à leur honneur. Ils s’en trouvent pas moins aujourd’hui à la croisée des chemins. Faute d’équipes renforcées et de moyens suffisants, ils peinent à accompagner comme il se doit l’actualité de leurs partis respectifs et élargir leur audience. Ils ne sont pas les seuls, d’ailleurs. Les sites web des partis concernés rencontrent les mêmes difficultés de mise à jour, d’enrichissement et de diversification de leur contenu.
La liberté d’expression déferlante sur les médias change la donne. Face à une actualité accélérée, la radio, d’abord, média d’alerte par excellence, la télé, ensuite, la presse électronique et les quotidiens enfin, raflent l’audience, s’employant à réconcilier les Tunisiens avec l’information et les débats. Rythme oblige, les hebdomadaires essayent d’apporter le plus, à coups de reportages, d’interviews et de témoignages. Que reste-t-il alors à la presse des partis politiques ? L’analyse ? L’explicitation des positions de leurs formations, le recrutement de nouveaux adhérents et la contribution au débat ? Tout cela à la fois. Mais, nous le savons tous, la presse est une industrie coûteuse, qui exige des équipes fournies et des moyens non négligeables.
Pour honorer cette presse militante, légitime, et promouvoir d’une manière plus large une presse d’opinion libre et indépendante, il va falloir concevoir un système approprié encourageant les organes des partis à se convertir en quotidiens nationaux et leur apporter le soutien public et transparent indispensable. Dans cette grande révolution, l’expression d’idées et de projets, mais aussi l’information générale, sont fondamentales pour attirer les lecteurs ga et soutenir efficacement les resources du parti. L’exemple de la presse française née de la Libération, et d’autres cas, peuvent aider à trouver le cadre et les moyens appropriés.