Mohamed M'timet n'est plus
Ce diplômé de l'Ecole des Beaux-arts de Tunis fut l'un des membres fondateurs, en 1969, de l'Union nationale des plasticiens tunisiens, et du groupe 70, aux côtés de Abdelmajid El Bekri et Sadok Guemach.
Il se faisait remarquer par une verve picturale variée (aquarelles, portraits, cartons de tapisserie, décoration murale).
Flirtant avec l'Ecole de Tunis en 1964, il ira ensuite en France maîtriser l'art de tapisserie, sa vocation première, profitant de ce séjour pour améliorer ses techniques artistiques.
De retour en Tunisie, il s'installe à Gafsa, où devant un métier à tisser (Mansaj), il travaillera la laine, aidé par des artisanes.
Plus tard, il s'engage dans l'enseignement au lycée El Omrane à Tunis.
Après une tentative avortée d'enseignement de l'art de la tapisserie à l'Ecole des Beaux-arts de Tunis, dirigée à l'époque par Safia Farhat, il se retire pour se consacrer à son art. Il participe à des expositions nationales collectives et internationales (semaines culturelles, biennales).
Mais ce pédagogue né reprend l'enseignement au milieu des années 70, en animant les clubs de dessin des lycées Carthage présidence et Hannibal.
Après sa retraite, il fonde son propre atelier à Tunis, et y forme des élèves de tout âge aux diverses techniques d'art plastique. Les travaux de cet atelier ont fait l'objet d'expositions, au mois de juin de chaque année, à l'espace El Teatro.
L'œuvre de M'timet, inspirée de la couleur locale et du patrimoine, est marquée par l'âme méditerranéenne, et l'enracinement dans la vie du Sud-Est de la Tunisie, notamment les scènes de la vie quotidienne dans les oasis et le désert.
Sa palette est séduisante parce qu'il s'agit, avant tout, d'un coloriste, et d'un observateur méticuleux de l'apport ethnologique ( artisanat, broderie, tissage, bijoux, céramique, klim).
Loin de l'aventure de la peinture abstraite, M'timet est resté fidèle à son propre instinct qui l'a poussé incessamment à une production renouvelée et prolifique. Il a fait des décorations murales (siège de la Compagnie Tunisienne de Navigation CTN, Rue de Yougoslavie), et aidé Zoubeir Turki à colorer la grande fresque murale de la Radio-Télévision Tunisienne (RTT), avenue de la Liberté à Tunis.
Hasard ou nécessité, il fut le restaurateur de cette même décoration murale, un demi siècle plus tard, en présence du même Z.Turki Natif de Zarzis en 1939, il réussit, contre vents et marées, à doter sa ville natale, où il a été inhumé vendredi, d'un festival régional de peinture.