Un défi à l'Etat de droit : l'occupation des terrains et des appartements vacants
Sur l’avenue Hédi Nouira, l’avenue aux 80 cafés, à la cité Ennasr, des ouvriers s’activent à ravaler la nouvelle terrasse d’un salon de thé. Un spectacle banal, sauf qu’il s’agit, en l’espèce, d’une extension illégale opérée au vu et au su des piétons et des automobilistes comme si les contrevenants étaient assurés de l’impunité.
Malheureusement, il ne s’agit pas d’un cas isolé. Depuis quelque temps, les zones situées à la périphérie de la capitale et des grandes villes sont devenues de vastes chantiers où les constructions anarchiques poussent comme des champignons, où le moindre lopin de terre est occupé à la vitesse de l’éclair pour créer le fait accompli. Pire, on ne se contente pas d’occuper les terres qu’elles appartiennent à l’Etat ou aux privés, on squatte également les immeubles nouvellement construits, les appartements vides en s’inspirant des colons israéliens en Palestine, on fait des extensions. Et même les trottoirs et les jardins publics ne sont pas épargnés comme cela est le cas au Kram, dans la banlieue de Tunis.
Un phénomène qui, par son ampleur, rappelle la période de collectivisation de triste mémoire, dans les années 60, qui a vu les meilleures terres agricoles des environs de Tunis, alors gérées par l’OMVVM (Office de mise en valeur de la vallée de la medjerda) disparaître sous les constructions anarchiques. Le communiqué du ministère d’intérieur mettant en garde les contrevenants vient donc à point nommé pour rappeler tout un chacun à ses devoirs. De telles pratiques au moment où le pays est confronté à de nombreux défis, s’apparentent à une haute trahison et méritent des sanctions exemplaires. En aucun cas, il ne doit subsister dans notre pays des zones de non droit, régies par la loi de la jungle et non par celles de la république.