News - 01.03.2011

Sit in à El Menzah : la « majorité silencieuse » ne veut plus se taire

Tout a commencé par un rassemblement spontané organisé au soir du dimanche 27 février aux abords de la résidence privée du Premier ministre démissionnaire, Mohamed Ghannouchi. Des centaines de citoyens ont alors afflué pour lui demander de revenir aux affaires puis, devant sa réponse négative qu’il a exposée dans un petit discours émouvant tenu à partir de son balcon, ils ont tenu à lui exprimer toute leur reconnaissance d’avoir été celui qui a assuré la continuité de l’Etat tunisien dans une période aussi trouble qu’incertaine.

Conscients que leur mouvement intervenait assez tard, beaucoup de ces manifestants d’un soir ont vivement exprimé leurs regrets de n’avoir pas exprimé leur position en faveur du gouvernement transitoire d’une manière plus ferme, à l’instar des opposants qui n’hésitent pas à tenir sit-in sur sit-in et à manifester leur désaccord quant à la composition du gouvernement qu’ils sont arrivés à faire plier par deux fois déjà.

« Contre dégages, on s’engage ! »

Se faisant dénommer « la majorité silencieuse », un groupe se constitue alors de bouche à oreille et sur Facebook pour se donner rendez-vous tous les jours de cette semaine de 17h à 19h et à organiser une grande journée de soutien le samedi 5 mars 2011 devant la Coupole d’El Menzah pour exprimer leur souci pour la stabilité et la sécurité du pays, s’insurger contre les mouvements de grève qui paralysent un à un les secteurs de l’économie tunisienne, ce qui la fragilise davantage, et réclamer le départ du Secrétaire général de l’UGTT, Abdessalam Jrad, qui manipule, selon eux, l’opinion des travailleurs.

Mardi soir, ils ont ainsi été des milliers, déjà,  à brandir leurs pancartes « pour le travail, contre le chaos » et à réclamer un retour à une Tunisie paisible. Beaucoup de cadres des secteurs privé et public et aussi plusieurs universitaires ont fait le déplacement se promettant « on ne va plus se taire ».

L’ambiance est amicale et sereine et les revendications sont uniformes. La même exaspération revient dans les discours et plusieurs stigmatisent les manipulateurs, les casseurs, les récupérateurs et les démagogues. « Contre dégages, on s’engage!» brandit avec ostentation une manifestante.

Il est un peu plus de 19h, la foule se sépare progressivement. A quelques kilomètres de là, les manifestants de la Kasbah entament leur 11ème nuit de sit-in. Ainsi va la démocratie naissante dans la Tunisie nouvelle.

ABH