Souhayel Tayeb, de Ksar Ouled Boubaker à Paris et l'aventure continue
 A la tête de la toute fraîche  Association Internationale des Experts Financiers et Bancaires Tunisiens  (AIEFBT) qui vient d’être créée à l’initiative d’un groupe de banquiers  et de financiers tunisiens résidents en Tunisie ou ailleurs, Souhayel  Tayeb est surtout un juriste financier en poste depuis 2007 à la BNP  Paribas Corporate and Investment Banking en France et grand défenseur de  la culture de couverture contre le risque (Hedging) et de la finance  islamique. A ce propos, il intervient, par ses articles et ses  conférences, en Tunisie et en France, pour diffuser ces nouvelles  pratiques de la finance, et à présenter leur intérêt et leurs avantages  particulièrement pour les économies des pays émergents. Souhayel Tayeb  fait partie de ces nombreux Tunisiens pour qui la Tunisie est loin des  yeux mais près du cœur, un sentiment ravivé depuis la révolution qui a  débridé les énergies et les actions. « Maintenant, je suis Tunisien et  fier de le dire haut et fort. Je n'oublierais jamais Mohamed Bouazizi et  je lui serais reconnaissant jusqu'à ma mort, dit-il ». Retour sur le  parcours du président de l’AIEFBT.
A la tête de la toute fraîche  Association Internationale des Experts Financiers et Bancaires Tunisiens  (AIEFBT) qui vient d’être créée à l’initiative d’un groupe de banquiers  et de financiers tunisiens résidents en Tunisie ou ailleurs, Souhayel  Tayeb est surtout un juriste financier en poste depuis 2007 à la BNP  Paribas Corporate and Investment Banking en France et grand défenseur de  la culture de couverture contre le risque (Hedging) et de la finance  islamique. A ce propos, il intervient, par ses articles et ses  conférences, en Tunisie et en France, pour diffuser ces nouvelles  pratiques de la finance, et à présenter leur intérêt et leurs avantages  particulièrement pour les économies des pays émergents. Souhayel Tayeb  fait partie de ces nombreux Tunisiens pour qui la Tunisie est loin des  yeux mais près du cœur, un sentiment ravivé depuis la révolution qui a  débridé les énergies et les actions. « Maintenant, je suis Tunisien et  fier de le dire haut et fort. Je n'oublierais jamais Mohamed Bouazizi et  je lui serais reconnaissant jusqu'à ma mort, dit-il ». Retour sur le  parcours du président de l’AIEFBT.
  
  Cet enfant du Sud et plus précisément de Ksar Ouled Boubaker où il a  vécu pendant ces cinq premières années ira s'installer à Médenine pour  ses études en primaire et en secondaire. Il obtiendra son Baccalauréat  lettres en 1994 au Lycée secondaire 2 mai 1966 de Médenine, un passage  qui marqua la suite de son parcours avec des professeurs comme  Abdeljabbar Reguigui et Mokhtar Yahyaoui dont il évoque encore le  souvenir.
Tout petit déjà, on le  surnommait le leader. De cette enfance dans ce sud doux et paisible qui  lui a appris, comme il le dit, la douceur, la gentillesse et le respect,  Souhayel apprendra aussi le sens des responsabilités du fait que son  père travaillait en France et que sa mère s’est chargée, seule, de son  éducation et de celle de ses trois frères et de sa sœur, surtout qu’elle  devait également consacrer du temps à ses terres agricoles.
  
  En arrivant à la Faculté de Droit et des Sciences Politiques de Tunis  pour une maîtrise en droit des entreprises, le jeune étudiant de  Médenine est confronté à une capitale où le rythme de vie, les mœurs et  les paradoxes sont à mille lieux de celles de son sud natal mais il  apprend à vaincre sa timidité et prend de l’assurance, en enchaînant  avec un DEA en droit des affaires de la Faculté des Sciences Juridiques,  Politiques et Sociales de Tunis. Après un passage au Conseil du Marché  Financier, Souhayel Tayeb intègre le service juridique de l’UBCI où, en  tant que conseiller juridique, il y affine son expérience, notamment  lors de la gestion de la crise de BATAM en 2002. Il gère les contacts  avec les différents départements et filiales de la banque et assure le  contact juridique de référence avec la BNP Paribas à Paris.
Une grande passion pour la finance islamique
Voulant réaliser son rêve et contre toute attente, le jeune juriste  financier décide de quitter sa situation professionnelle confortable à  l’UBCI pour la grande aventure : un Doctorat en Droit à l’Université  Panthéon Assas (Paris II) sans bourse d’études et sans repères. Cette  expérience fut un véritable défi personnel pour lui. Souhayel enchaîne  lors de sa première année en France les petits boulots pour survivre  mais parviendra à soutenir quatre années plus tard, en 2007, sa thèse de  doctorat intitulée « les techniques de régulation des cours de bourse :  étude en droit comparé (France, Etats-Unis et Pays du Maghreb), sous la  direction du Professeur Thierry Bonneau. 
  
  Il ne devait pas regretter les sacrifices de ces premières années  difficiles en France entre travail, études et épanouissement personnel  surtout lorsque la BNP Paribas Corporate fait appel à lui pour son  service juridique en tant que juriste financier chargé notamment de la  documentation juridique des produits de couverture de risque, un poste  qu’il occupe encore aujourd'hui avec une spécialisation sur les marchés  émergents et les pays du Maghreb. 
  
  En outre, Souhayel a toujours eu le souci d’aider les autres. « Il ne  faut jamais oublier d’où l’on vient, dit-il, et essayer de ne pas  laisser les autres connaître les difficultés que l’on a soi-même connues  ». Ainsi, le samedi 26 février, il a animé une conférence organisée par  le Mouvement des Jeunes Tunisiens sur le rôle des jeunes dans cette  phase de démocratisation de la Tunisie et ce en présence de Messieurs  Chokri Hamrouni et Imed Daimi. 
  
La Tunisie n’a jamais été loin de ses centres d’intérêt. Dans son  domaine, Souhayel milite ainsi actuellement pour qu’une vraie culture de  couverture contre le risque (Hedging) intègre nos entreprises  tunisiennes qui gagneront en compétitivité et en résultats si elles  géraient mieux les risques auxquels elles sont confrontées : risque de  change, taux de crédit et de prix de matières premières, etc. Il a  également publié plusieurs articles autour de ces thématiques.
  
  Souhayel se passionne également pour la finance islamique qui peut, à  son avis, donner à la place financière de Tunis un élan dont elle a  vraiment besoin. Dans ce cadre, il est intervenu lors de la journée  finance islamique organisé par le JCI de Tunis en décembre 2010 et  interviendra sur les atouts que représente la finance islamique pour la  Tunisie nouvelle et ce lors du 4ème forum africain de finance islamique  qui sera organisé à Tunis en avril prochain.
  
  La révolution tunisienne a donné envie au jeune juriste financier de  s’engager encore davantage dans la société civile avec le lancement,  début février, avec d’autres Tunisiens, de l’AIEFBT présentée dans  l’article en lien :  http://www.leaders.com.tn/article/les-experts-financiers-tunisiens-s-associent-pour-des-actions-citoyennes-au-coeur-des-villes-tunisiennes?id=4296.  Son expérience en France en tant que parrain au sein de l’association «  Nos Quartiers ont des Talents » qui rapproche les jeunes diplômés de  quartiers difficiles d’un réseau de parrains dans les grandes  entreprises françaises afin d’accompagner le jeune diplômé et lui offrir  un accès au réseau du parrain, lui sera certainement d’un grand secours  pour mettre en place les actions de cette nouvelle association.
  
  Une vie bien remplie pour ce jeune plein d’ambitions qui rappelle, qu’il  doit ces succès à sa famille et aussi à la patience de sa femme, Hédia,  responsable commercial, « qui a toujours été là pour moi et me  rappeler, lorsque cela allait mal, que je devais aller au bout de mes  rêves», dit-il.
«Comment j'ai vécu le 14 janvier»
  
  Avant de finir ce parcours semé de réussites que Souhayel ne doit qu’à  sa persévérance et ses efforts, on ne peut s’empêcher de lui demander  comment il a vécu la journée historique du 14 janvier 2011. Il raconte :  « Vendredi 14 janvier au matin en allant travailler et grâce aux appels  téléphoniques avec les amis dans les cortèges, j'ai compris que le  grand jour est arrivé. A midi, j'ai pris mon vendredi après midi et  passé tout mon temps devant la télé. A l'annonce des informations sur la  police qui chargeait les manifestants devant le Ministère, j’ai été  submergé par la colère et l'incompréhension surtout que les Tunisiens  ont donné une image magnifique d'une révolution pacifique et civilisée.  Une colère jusqu'à la délivrance et l'annonce de la fuite du dictateur  et là mes larmes ont coulé pendant des longues minutes. Durant ce moment  historique, j'avais tellement eu envie d'être devant le Ministère de  l'Intérieur. A mon fils Hayder, je raconterais tout et cultiverai en lui  l'amour de la Tunisie, de son peuple, de son histoire et de sa  révolution afin qu'il reprenne le flambeau pour faire encore plus  avancer la Tunisie ».
Il faut dire que les membres de l’AIEFBT ont été très actifs tout au long du processus électoral, menant une action citoyenne utile. C’est ainsi que Souhayel Tayeb a été choisi comme Président d'un bureau de vote dans la circonscription de Pantin. Par ailleurs, et dans son poste actuel au sein de la BNP Paribas, il est devenu juriste financier en charge des pays émergents ce qui lui offre une visibilité sur l'évolution législative dans les pays de l'Europe de l'Est, les pays du Balkan, Turquie, les autres pays du Maghreb et certains pays africains.
  Anissa BEN HASSINE