L'Université tunisienne fait sa révolution
On ne les avait pas beaucoup entendus, les universitaires tunisiens pendant cette révolution, en tout cas pas en tant que corps et acteur attendu dans la réflexion sur la Tunisie de demain. C’est désormais chose faite ave le forum L’université avant-après la révolution organisé à la Cité des Sciences à la fin de la semaine dernière par l’initiative universitaire pluridisciplinaire. Animés par le Professeur d’Urbanisme, Moncef Ben Slimane, les travaux se sont ouverts avec la libération de la parole des universitaires qui ont raconté chacun, avec une émotion perceptible, les répercussions de la révolution tunisienne sur la vie de leur institution. Comme ailleurs, l’on a assisté, là aussi, aux inévitables dégage, aux retournements de veste et aux accusations en tout genre.
Mais l’objet du Forum était surtout d’initier le débat sur la notion même d’Université et de son rôle dans l’enseignement supérieur en Tunisie. Avec une vingtaine d’institutions universitaires réparties sur toute la République représentant plusieurs disciplines et spécialités, les discussions ont pu ratisser large sur les préoccupations et les ambitions des universitaires.
Par ailleurs, différents textes de réflexion, écrits à l’occasion par des universitaires tunisiens, ont été soumis à l’assemblée. Parmi eux, celui du Professeur Monia Ben Jemiaâ porte sur les libertés académiques et montre les atteintes quotidiennes que ces dernières subissaient sous l’ancien régime. Elle y dit notamment : «censure, surveillance et inquisition sont le lot quotidien des universitaires. Surveillance des travaux et des enseignements, surveillance des participations aux rencontres universitaires, (…) censure insidieuse, sournoise (…). Les représailles ne se faisaient pas de manière directe ; on faisait pression sur les Facultés pour qu’elles n’invitent pas à leurs rencontres scientifiques les universitaires rebelles (…) Toute pensée critique était assimilée à un danger ou à une atteinte à la morale publique, à la sûreté nationale ou à l’identité nationale».
Deux types de recommandations sont ressortis de ce Forum, comme le confie à Leaders, le Professeur Moncef Ben Slimane. Tout d’abord, la nécessité d’organiser les Etats généraux de l’université tunisienne est apparue comme une urgence tant le constat est amer à ce sujet entre les attitudes de négligence généralisées et les pratiques de corruption avérées. Une demande en ce sens sera adressée au Ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique.
Ensuite, il est indéniable que les enseignants-chercheurs doivent se soumettre à leur propre auto-critique et admettre qu’ils ont une part de responsabilité dans l’état de délabrement des institutions universitaires publiques et la médiocrité des sortants de leurs établissements. Pour cela, quatre voies de réflexion vont être engagées dans une commission permanente constituée à l’issue du forum : la recherche scientifique, la pédagogie de l’enseignement, la gouvernance des établissements universitaires et le statut de l’enseignant-chercheur.
La commission débute ses travaux à partir de ce jeudi 24 mars 2011 avec la ferme volonté de rompre avec un système qui a scrupuleusement écarté la plupart des compétences qui n’ont pas accepté de pacter avec lui et l’ambition de construire une université qui soit à l’image de la révolution que nous vivons, exemplaire.
Anissa BEN HASSINE
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L'université a toujours été la fierté de la Tunisie en particulier par rapport aux autres pays qui nous sont proche. L'ancien régime comme il l'a fait avec d'autres secteurs stratégiques du pays comme la santé, l'éducation nationale, le sport et la justice, l'université a été utilisée comme un sédatif social retardant au maximum l'entrée dans la vie réelle des diplômés par plusieurs sortes d'artifices aboutissant à des simulacres de compétence et une flopée de diplômes qui sont pratiquement de la "fausse monnaie". Maintenant pour reconstruire notre université et pour qu'elle redevienne un réel moteur de développement et de promotion de notre pays, il faut un véritable plan Marchal pour revaloriser le niveau au moins de manière acceptable des diplômes et en particulier de plus de 80% des enseignants universitaires qui ont un niveau scientifique et technique très faible pour être eux-mêmes des formateurs. Former tous nos 3èmes cycles dans les universités réellement capables de former des 3èmes cycles et qui sont essentiellement en Europe et en Amérique du nord et dans certains pays asiatiques. Le dernier point fondamental consistera en une totale séparation entre les représentants élus dans les universités (facultés et écoles) dont le rôle devrait se limiter à la représentation syndicale et les conseils scientifiques de pilotage académique et technico scientifique dont les membres doivent être désignés uniquement sur des critères de compétences et de performance attestés internationalement. Notre seule chance de salut est d’admettre la réalité et de couper définitivement avec le simulacre et la tromperie.
Bravo aux universitaires ! C'est l'avenir de nos enfants qui est en jeu. A quand la même initiative pour le primaire où règnent souvent corruption et incurie ? Ce sont toujours les plus faibles qui sont lésés.
JE REVE QUE CETTE COMISSION FASSE SIENNE LA CITATION QUI SUIT ET QUE L'UNIVERSITE L'ADOPTE COMME SOCLE POUR LA FORMATION DE LA JEUNESSE TUNISIENNE ! " La pensée ne doit jamais se soumettre, ni à un dogme, ni à un parti, ni à une passion, ni à un intérêt, ni à une idée préconçue, ni à quoi que ce soit, si ce n'est aux faits eux-mêmes, parce que, pour elle, se soumettre, ce serait cesser d'être." Source : Henri Poincaré - citation