Un lourd héritage social : 185 000 familles nécessiteuses et 500 000 chômeurs
L’état des lieux dressé par l’ancien-nouveau ministre des Affaires Sociales, M. Mohamed Ennaceur, est inquiétant. Longtemps leurrés par les statistiques édulcorées, les Tunisiens découvrent les véritables indicateurs : 185 000 familles tunisiennes, soit 10% de la population, vivent en dessous du seuil de la pauvreté. Une famille donc sur 10 ne parvient pas à subvenir à ses besoins les plus vitaux, alors qu’on nous parlait de 4%, ce qui est en lui-même inacceptable. Réponse immédiate, des aides sociales mensuelles leurs seront octroyées et les premiers paiements s’effectueront par mandat postal dès le 17 avril courant. Pour éviter tout détournement et garantir la transparence, la liste des bénéficiaires sera affichée dans chaque localité.
Deuxième indicateur au rouge vif : le nombre des demandeurs d’emplois dépasse les 500 000 personnes. En fin connaisseur du Ministère des Affaires Sociales où, porté par la révolution, il revient pour la troisième fois, M. Ennaceur sait distinguer les appellations entre inactif, chômeur et demandeur. Là nous sommes sur les demandeurs, ceux qui donc s’activent à chercher du travail. Parmi ces 150 000 figurent pas moins de 150 000 diplômés de l’enseignement supérieur, en comptant une arrivée additionnelle de près de 50 000 par an.
Toujours en matière d’emploi, les débrayages sociaux et les dégâts subis par nombre d’entreprises depuis janvier dernier, ajoutés à la crise économique se soldent pour le moment par la perte de 13 000 emplois. Un chiffre qui s’aggrave avec le retour de Libye de 31 000 travailleurs tunisiens.
Le dispositif de départ à la retraite anticipée a-t-il produit son effet pour créer de nouveaux emplois ? Nullement, selon le ministre. Il aura coûté 55 millions de dinars et n’a permis le remplacement qu’à hauteur de 32% des départs, soit 2700 personnes au total. Le coût de l’emploi aura été de plus de 20 000 DT.
Qu’en est-il de l’externalisation dans le secteur public de certains services de gardiennage, nettoyage et autres pour être assurés par des entreprises privées ? Fortement dénoncée par l’UGTT, cette pratique sera annulée. Un accord dans ce sens sera signé lundi.
Bref, beaucoup de pain sur la planche. De nouvelles mesures sociales et économiques sont attendues très prochainement pour répondre aux préoccupations profondes des familles nécessiteuses et des demandeurs d’emplois.