Bourguiba,toujours néo
Ces jours-ci, la « bourguibamania » fait fureur.
Est-ce un effet de mode ou bien tout simplement une conséquence, somme toute logique, d’une révolution à nulle autre pareille. Une révolution magistrale sans relents idéologiques ni leadership. Le seul et unique leader c’est le peuple lui-même.
Ce que lui vaudra probablement le prix Nobel de la paix pour l’année 2011.C’est un enfant du pays, Bertrand Delanöe qui vient d’en faire la proposition. Selon le maire de Paris, la leçon tunisienne mérite bien une consécration historique.
La première révolution du 21ème siècle dont l’acte sublime se déroula un 14 Janvier sur l’avenue Bourguiba, a conquis, de par son mode opératoire et de son ressort humaniste, l’univers.
Son icône, Mohamed Bouazizi, aura bientôt sa place commémorative non loin de la Bastille, haut lieu de la révolution… de 1789.
Dans la même ville des lumières, et tout au long d’une partie de la Seine, une esplanade verdoyante arbore avec fierté le nom du plus illustre des Tunisiens : Habib Bourguiba.
Le combattant bien aimé-habibi ya moujahid-avait bien libéré la Tunisie du joug du colonialisme français. Mais, ce faisant, il n’a jamais douté de l’amitié ancestrale entre nos deux peuples si proches et épris des idéaux de liberté et de progrès. Il n’a jamais insulté l’avenir. C’est l’une des clefs de pensée du fondateur de l’état moderne.
Modération, pragmatisme et positivisme sont les fondamentaux de l’action bourguibienne qui a imprégné l’histoire contemporaine de notre pays.
Aujourd’hui, le legs du père de la Nation est incommensurable. Les jeunes nés au soir de la vie de Si lahbib, se sentent redevables à l’homme du 1er Juin 1955. Ils ne l’ont connu que pendant ses dernières années de règne, mais cela a suffi pour qu’ils soient curieux de découvrir ce personnage.
La plupart d’entre eux, chaque fois qu’ils regardent des émissions relatant l’histoire de Bourguiba et de la Tunisie pendant les deux périodes (avant et après l’indépendance), ou bien des vidéos du combattant suprême postées sur Youtube ou Dailymotion, ils en ont les larmes aux yeux et disent « yarhmik ya Bourguiba .
Ils admirent son courage, son charisme, sa clairvoyance, sa vision, la vivacité de son regard et sa force de caractère .
Comme disait Pierre Mendès France en 1954, « Bourguiba a constitué son pays en nation, a donné à cette nation un parti politique a fait de son parti une force avec laquelle la France doit compter, et tout cela derrières les barreaux de nos prisons ».
Le code du statut personnel-une œuvre d’un musulman éclairé-, l’éducation pour tous, le rayonnement de la Tunisie au-delà de ses frontières-le discours du Palmarium, un morceau d’anthologie-, sont autant de marqueurs et indélébiles dans notre mémoire collective. Ils sont implacables. Mais il est une qualité bourguibienne qui, par les temps qui courent, distingue l’homme enterré à Monastir : la probité. Son dédain à l’égard de l’argent est légendaire.
Celui qui l’a déposé le 7 Novembre 1987, à l’heure du laitier, ne peut pas se prévaloir de cette hauteur de l’âme. Décidément, n’est pas Bourguiba qui veut. Lui-même ne cessa pas de claironner que les gens de son espèce ne couraient pas les rues.
Bref, en un mot comme en cent, « Bourguiba est un chêne immortel ».
Paix à son âme qui rejoignait, le 6 Avril 2000, le Très Haut créateur et entra dans son infinie miséricorde.