Pourquoi de nombreux Tunisiens souhaitent-ils s'investir dans la vie publique en indépendants?
La question mérite d’être posée. Pourquoi de nombreux Tunisiennes et Tunisiens qui souhaitent s’investir dans la chose publique préfèrent-ils aujourd’hui le faire en tant qu’indépendants ? Nous comptons pourtant à l’heure actuelle plus de cinquante partis. En outre, de nombreuses associations voient le jour.
Plusieurs facteurs peuvent l’expliquer. D’abord, ce qui vient à l’esprit en premier lieu, la crédibilité des nouveaux partis qui ne semblent pas encore trouver grâce à leurs yeux. Ensuite, le manque de visibilité du paysage politique à plus ou moins moyen terme. Et enfin, pour certains, par crainte d’hypothéquer leur avenir politique ou tout simplement de se voir coller une étiquette endossée dans la précipitation de bonne foi tant ils souhaitent sincèrement et totalement s’engager pour une Tunisie future démocratique, égalitaire et où règnent les droits fondamentaux.
Les Tunisiens ont portant compris le rôle qui doit être le leur pour contribuer à la construction de la Tunisie future post révolution du 14 janvier 2011. Ils n’ont jamais été aussi conscients du rôle qui leur incombe pour concrétiser la volonté du Peuple tunisien dans son ensemble et du sens que celui-ci a voulu conférer à son mouvement en terme de revendication de la Dignité dans toute son acception.
En outre, depuis le 14 janvier, la démocratie et la justice sociale sont aussi au cœur des revendications du peuple tunisien toutes catégories et générations confondues et partout où ils se trouvent.
Pourtant, les indépendants, qui s’inspirent de ces orientations que sont les objectifs de la révolution, ne cessent de s’interroger sur le meilleur moyen de concrétiser leur engagement. Le militantisme indépendant semble recueillir leur faveur, y compris au sein de structures partisanes. Ce qu’ils semblent chercher c’est un engagement incolore. Ce phénomène témoigne en réalité de la sincérité de leur engagement dans l’intérêt général du pays au delà de tout calcul d’ambition personnelle. Ils cherchent à faire entendre leurs voix et à partager leurs idées, convaincus que l’union fait la force.
Comment tendre la main et accueillir cette force sociale des indépendants ?
Une brève définition du militant indépendant nous situe sur ce phénomène. L’indépendant est celui qui n’est associé à aucun un parti politique. Il peut être aussi un ancien membre d’un parti mais qui a choisi de ne pas rester sous son label. Une autre catégorie est constituée d'indépendants appartenant ou s’appuyant sur un parti politique mais qu'ils ne doivent pas formellement le représenter et ne sont donc pas soumis à ses politiques.
On peut donc conclure qu’un indépendant est une personne non affiliée à aucun parti politique ou celle membre d’un parti mais qui n’obéit pas à la discipline du parti restant libre de ses choix conformément à ses propres convictions. C’est donc la condition de quelqu’un qui ne dépend que de lui-même et des ses idées.
Le militant indépendant qui souhaite donc garder une certaine autonomie et ne suivre que sa conscience, se garde de représenter des intérêts particuliers ou des groupements d’intérêt ou des milieux des affaires ou régionaux spécifiques. Il se veut le représentant des intérêts de la Nation prise dans son ensemble. Les structures partisanes seraient maintenant enclines à laisser une marge de manœuvre à ces « politiciens ».
Les partis ont donc pris la mesure du poids des indépendants dans le paysage politique en Tunisie et de la nécessité de composer avec cette réalité. Ils ont compris qu’aux yeux des électeurs, les indépendants sont synonymes de la frange éduquée de la Population et de la jeunesse et constituent surtout le rempart idéal contre certaines dérives.
Ils sont les porte parole du 5ème pouvoir (société civile) et de tous ceux qui ont bravé leur peur pour faire chuter l’ancien régime. Ce sont ceux qui continuent à militer pour une Tunisie meilleure au sein des associations citoyennes, humanitaires et/ou économiques, ceux qui continuent à défendre leur idéal social dans les espaces publics, ceux qui continuent à faire entendre leur voix et à faire pression pour voir se concrétiser leur rêve d'une Tunisie toujours meilleure. Les indépendants sont tous ceux qui ont décidé de participer activement à la vie publique, pour défendre leurs acquis et leurs idéaux, sans pour autant adopter une de couleur politique partisane. Ce sont toutes ces femmes, ces jeunes, ces intellectuels, ces artistes, ces économistes, ces juristes....et, tous ceux qui ont décidé de prendre leur destin en main, sans aucune étiquette politique, en mettant au profit de la patrie tout leur savoir faire et leur compétence pour construire la Tunisie de demain libre, démocratique et juste.
Les militants indépendants sont tout simplement les combattants de la construction démocratique.
Les partis et les structures partisanes existantes gagneraient à courtiser cette frange de la société tunisienne prête à s’investir dans la vie publique en attendant des jours meilleurs et une vue claire de notre paysage politique pour un engagement plus partisan. Les indépendants sont, en effet, assoiffés d’action pour contribuer au maintien de la Tunisie sur le bon cap, celui de la démocratie et des libertés et toujours souveraine et invulnérable.
Naceur Ben Frija