Comment les psychiatres tunisiens analysent-ils la situation actuelle et quelles sont leurs recommandations
Un groupe de psychiatres tunisiens, réuni sous l’égide de l'Association Tunisienne des Psychiatres d'Exercice Privé (ATPEP) souligne que dans ce processus de démocratisation, les jeunes sont une population exposée, car la destruction des symboles de la loi sociale peut fragiliser leur personnalité et leur maturation. Ils soulignent l'importance d'intégrer les jeunes dans le processus de rédaction de la nouvelle constitution afin que la loi sociale qui en émanera soit vécue par eux comme une loi émanant de la volonté du peuple auquel ils appartiennent et non comme une loi étrangère qu'ils auront à combattre.
Réfléchissant à partir de leurs champs de compétence sur la situation actuelle et future de la démocratie en Tunisie, ils estiment qu’un consensus s'est dégagé sur le fait que la situation actuelle critique appelle à une vigilance accrue pour renforcer les symboles de la loi et de l'ordre. Symboles qui doivent être acceptés et intériorisés par tous dans la mesure où ils émanent de la volonté d'une société soucieuse de rester équilibrée, stable, juste, et solidaire.
Ils soulignent que sous Ben Ali, la loi a été dévoyée de sa source pour prendre origine de la personne du dictateur. Personne vécue par le peuple comme perverse et malhonnête se maintenant au pouvoir par la force de la matraque. Elle ne pouvait pas représenter pour le peuple un support symbolique d'une figure paternelle à la loi de laquelle il pouvait adhérer.
Les psychiatres rappellent que l'absence de références à la Loi dans la construction de la personnalité amène à des structures de personnalité fragile, tantôt limites tantôt antisociales et que le recours à l'intégrisme dans ses formes extrêmes représente souvent un mode de défense contre le chaos qui né de l'absence de références et de principes clairs identifiables et partagés par tout le groupe social.
Les psychiatres appellent enfin à ce que le peuple soit parti prenante au travers de débats public et de grands rassemblements des décisions qui touchent à l'avenir du pays et ne pas confier les décisions à l'élite qui vit dans un monde intellectuel que le petit peuple ne comprend pas ou peu.