Béji Caïd Essebsi : oui à la parité 50/50 et à l'inégibilité des ex-RCD, ayant exercé depuis 10 ans et sur la base d'une liste nominative
Annonçant la position du gouvernement sur les propositions avancée par la Conseil Supérieur de la Haute Instance, pour la loi électorale, le premier Ministre, M. Béji Caïd Essebsi a salué la parité 50/50 qui constitue à ses yeux « une avancée révolutionnaire historique » et retenu le principe de la non-candidature des dirigeants de l’ex-RCD, mais en ramenant la période aux dix dernières années et non à 23 ans et sur la base d’une liste nominative qui sera fixée par décret. Cette liste s’élargira aux membres de l’ex-Cabinet présidentiel (Ministres-Conseillers, Conseillers, Attachés, etc.).
Pour M. Caid Essebsi, cette position, mue uniquement par l’intérêt général au-delà de tout calcul ou engagement partiel, est fondée sur une série d’arguments clairs (en substance) :
- D’abord, la Haute Instance a un rôle consultatif et non décisionnaire et c’est au gouvernement d’examiner ses propositions et de prendre l’ultime décision, en son âme et conscience.
- L’exclusion totale et depuis 1987, objet de controverses, n’est pas conforme au principe d’innocence et aux droits fondamentaux, jetant l’anathème sur tous, y compris ceux qui au lendemain du changement y avaient vu délivrance avant de s’apercevoir de ses leurres et de prendre leurs distances à son encontre. Les cas de Mohamed Charfi, Saadeddine Zmerli, Dali Jazi et d’autres peuvent en témoigner.
- La période de 23 ans dépasse largement les délais de prescription légale. La rupture avec le passé et le RCD, déjà engagée, est irrévocable, mais elle ne saurait se convertir en rupture avec le futur, source de divisions profondes et d’exclusion totale d’une large frange de la population. D’où, la logique d’une période de 10 ans. L’adopter, c’est reconnaître la responsabilité du RCD dans ce qui s’est passé durant cette décennie et le condamner, sans esprit de revanche ou de main mise sur l’avenir du pays.
- Les plus impliqués sont les proches collaborateurs du président déchu, ce qui ont fait partie du cabinet présidentiel. Parce qu’en fait, il y a avait deux gouvernements, celui de la Kasbah, sans réel grand pouvoir et celui de Carthage où s’exerce le vrai pouvoir. Les membres du cabinet, au fait des décisions et participant à leur confection doivent être concernés.
- Par souci d’équité et de justice, et en évitant toute justice collective totalitaire, il convient donc d’établir une liste nominative des personnes concernées par cette disposition, selon leur niveau et degré de responsabilité, de manière objective et de la fixer par décret.
- Le gouvernement prône l’apaisement des esprits, la réconciliation nationale, la cohésion de tous les Tunisiens, dans une grande unité, pour réaliser les ambitions de la révolution, loin des règlements de comptes et du lynchage, afin de faire triompher l’esprit de tolérance et de concorde. Il y va de l’avenir de la Tunisie. C’est qui illustrera la révolution tunisienne et en fera une belle référence internationale.
Le premier ministre insistera beaucoup, lors de la conférence de presse qu’il a donnée mardi matin à, la Kasbah, sur la réussite de la transition nationale, l’aboutissement du processus électoral, à sa date fixée au 24 juillet et l’impératif de la restauration de la sécurité et de la paix sociale, n’hésitant pas à lancer un véritable cri d’alarme quant aux menaces pressantes qui s’exercent sur la Tunisie à cause de ces dérapages.