Le cri d'alarme de Béji Caïd Essebsi : C'est au peuple d'assumer ses responsabilités et de dénoncer la surenchère et la violence
«Trop de dépassements inacceptables et de surenchère que malheureusement, jusque-là aucun parti en compétition n’a dénoncés vigoureusement. Le peuple en est concerné en premier lieu. Je lance un véritable cri d’alarme et j’appelle à un sursaut national pour que tous les Tunisiens condamnent ces agissements et s’y opposent fermement ! » Haussant le ton d’une voix déterminée, le premier ministre, M. Béji Caïd Essebsi a pris les Tunisiens à témoin, les exhortant à repousser toute tentative de déstabilisation et à contribuer à la restauration de la sécurité et de la paix sociale.
«Les expressions de colère, les revendications et les sit-in sont légitimes et méritent écoute et compréhension, dit-il, sans cependant dégénérer en actes de violence et d’obstruction.» Citant quelques exemples, il évoque le blocage de l’unité de gaz de Birtish Gas, près de Sfax, l’obstruction du port pour empêcher la navette du ferry-boat entre Sfax et Kerkennah, la coupure des routes et de la voie ferrée, signalant pas moins de 110 incidents du genre, et d’autres dérapages».
Interrogé par des journalistes sur le manque de réactivité du ministère de l’Intérieur face à nombre d’incidents, pouvant être interprété comme « une peur de la pression de la rue de la part du gouvernement », M. Béji Caïd Essebsi affirmera que « le gouvernement ne craint pas la rue, mais cherche à la comprendre et à dialoguer avec elle. Jusque-là, soulignera-t-il, nous n’avons pas voulu répondre par la force et la répression, comme le faisait le régime déchu, mais par le dialogue et la concertation. Nous nous employons à trouver au mieux les solutions possibles, mais n’hésiterons pas à prendre les dispositions nécessaires.»
Profitant de cette rencontre avec le premier ministre, les journalistes n’ont pas hésité à poser nombre de questions :
L’échéance du 24 juillet sera-t-elle maintenue ? Nous l’estimons raisonnable et ferons tout pour la respecter, même si certaines parties oeuvrent à son report.
On perçoit des dissensions entre l’armée et les forces de l’ordre ? L’armée n’est pas en dehors du gouvernement. Quand elle s’est sentie visée par certaines accusations, elle n’a pas hésité à y répondre et à s’en défendre.
Quels financements pour les partis politiques ? Certains sont bien nantis, d’autres très pauvres ? La campagne électorale officielle et réglementaire bénéficiera d’un financement public. Pas le reste.
La commémoration du décès de Bourguiba marque-t-elle le retour du Bourguibisme, à l’exclusion des autres leaders ? Bourguiba a été un grand homme d’Etat et mérite hommage, même si dans son parcours il n’y a pas que des pages glorieuses. Quant aux autres leaders, peut-être que vous faites allusion à Salah Ben Youssef, rien ne s’oppose à leur célébration.
Du pétrole a été importé par la Tunisie (120000 tonnes) pour être expédié en Libye ? Pas du tout ! Un navire italien destiné à la Libye n’a pu y parvenir et à dû venir chez nous où un navire libyen est arrivé pour prendre en charge la cargaison.