Le parti El Watan présente son programme : des idées lumineuses et beaucoup de pragmatisme
Nom : El Watan
Date de naissance : 4 mars 2011
Devise : Dignité, Liberté, Citoyenneté
Signe particulier : possède une direction bicéphale avec deux secrétaires généraux
Les préjugés ont la vie dure. Pour leur première conférence de presse depuis la création du parti El Watan, les deux secrétaires généraux, Mohamed Jegham et Ahmed Friaa en ont fait l'expérience, même s'ils s'en sont tirés avec les honneurs.
Devant une assistance clairsemée composée essentiellement de jeunes journalistes, ils ont dû faire face à un feu roulant de questions sur leur passé politique bien que les deux hommes aient rompu depuis une décennie avec l’ancien régime « cette période a été plus enrichissante pour nous que celle que nous avons connue en étant au pouvoir » a reconnu Mohamed Jegham. Ahmed Friaa a dû s’expliquer avec un certain agacement, bien compréhensible, il est vrai « c’est la énième fois que l’on me pose cette question » sur son bref passage à l’intérieur sous Ben Ali (les 13 et 14 janvier) et une dizaine de jours dans le premier gouvernement Ghannouchi : « J’ai été appelé pour une mission précise : mener à bien les réformes politiques, à l’exclusion des questions sécuritaires sur lesquelles je n’avais, d’ailleurs, aucune idée.
Ce qui ne m’a pas empêché de prendre quelques initiatives sur ce plan, comme l’interdiction de l’usage des armes à feu par les forces de l’ordre et l’autorisation de créer des syndicats pour la police ». Il a fait le bilan de son action à la tête des différents ministères dont il avait eu la charge (équipement, Technologies et éducation nationale), citant notamment le technopôle d’El Ghazala, le barrage sur l’Oued Zeroud « long de 800 mètres », précise t-il fièrement et bien d’autres ouvrages d’art et réalisations technologiques importants. Pour sa part, Mohamed Jegham a rappelé qu’il avait rompu avec le régime lorsqu’il s’était assuré de ses dérives, soulignant qu’il avait été toujours pour la liberté d’expression. Présentant leur parti, les deux intervenants ont souligné qu’il se situe au centre, prône la démocratie, la liberté d’expression et de presse, une liberté responsable qui ne doit pas virer à l’anarchie et au sac des biens d’autrui, des élections libres et transparentes, la modération et le droit à la différence, rejette l’intolérance, l’exclusion et la violence."El Watan n’a pas d’ennemis, mais des adversaires politiques. Et par-dessus tout, nous tenons à sauvegarder les acquis de la révolution".
Le développement est la pierre angulaire de leur programme. Il est fondé sur les investissements, l’emploi, le développement régional, la répartition équitable des richesses entre les couches sociales et les régions, les exportations. Parmi les secteurs qui doivent bénéficier d’un effort particulier : l’agriculture et notamment l’arboriculture, le tourisme, l’infrastructure et surtou le réseau routier, élément essentiel du développement régional, le réseau ferroviaire et les TICs".
Ce qui est intéressant dans ce programme, c'est que le parti El Watan a su éviter le travers où sont tombés beaucoup de ses concurrents en ne se contentant pas d'idées générales ou de slogans surtout dans les secteurs du tourisme ou de l'équipement où nous avons eu droit à quelques idées lumineuses. Ce qui n'est pas un hasard quand on sait que les deux secrétaires généraux ont été pendant longtemps en charge de ces deux secteurs en tant que ministres. Reste le volet économique et financier qui devrait être mieux travaillé.
"Le débat politique doit se situer au niveau des idées. Nous n’avons pas d’ambitions personnelles. Notre objectif premier étant de faire profiter notre pays de l’expérience que nous avons acquise dans la gestion des affaires publiques au seul bénéfice de l’intérêt supérieur du pays. Notre parti ne se situe pas non plus dans la filiation du RCD. A part les deux secrétaires généraux, aucun de nos membres n’a appartenu à ce parti. Nous y avons tenu pour éviter toute confusion ou amalgame. Déjà, des bureaux régionaux ont été implantés dans tout le pays. Des réunions se sont tenues à Tataouine, Mahdia et Médenine. Même si elles ont été perturbées par des individus stipendiés, nous comptons poursuivre ces réunions partout dans le pays pour faire connaître notre programme".
Enfin, le parti n’a pas l’intention pour le moment de nouer des alliances. "La priorité étant de bâtir un parti disposant d’une base sociale très large". "Nous allons mettre à profit les quelques mois qui nous séparent des élections pour faire connaître notre programme auprès de toutes les couches de la population sans aucune exclusive" insiste M. Friaa.