News - 12.06.2011

Les douaniers tunisiens renonceront-ils à la grève ce lundi ?

Sans attendre sa constitution légale, le comité provisoire du syndicat des agents des douanes a lancé un appel à « une grève générale et ouverte », ce lundi 13 juin. D’après le président du syndicat, M. Mohamed Mizani, ce mouvement vient en protestation contre le maintien du directeur général des Douanes, M. Taher Ben Htira, une personnalisation qui suscite, cependant, nombre de controverses, alors que les véritables revendications du personnels se situent à différents autres niveaux, relève-t-on.
 
Réagissant dimanche après-midi à cet appel, le ministère des Finance a vigoureusement dénoncé cette grève jugée « illégale » et « de nature à porter un grand préjudice à l'économie du pays. »
 
Le ministère souligne dans son communiqué que « l'action de l'instance constitutive provisoire n'étant pas encore régie par les textes réglementaires en vigueur, l'appel à la grève n'a de ce fait aucun appui juridique puisque la législation actuelle et le projet du décret-loi soumis, récemment, au conseil des ministres n'autorisent pas la grève en tant que moyen de protestation. »
 
Il exhorte tous les agents des douanes, "rempart de l'économie nationale", à ne pas répondre à cet appel et à « faire preuve d'esprit de responsabilité en cette conjoncture délicate que connaît le pays. »
 
Au cours d’une conférence de presse tenue samedi, les dirigeants syndicaux, cherchant à rallier à leurs rangs le maximum des 6350 douaniers, ont focalisé leurs revendications sur le remplacement de l’actuel directeur général. Ce qui semble les avoir irrité le plus, ces derniers jours, c’est d’une part, l’action en justice intentée par M. Ben Htira contre ses agresseurs, pour défendre son honneur et,  d’autre part, l’obligation de port de l’uniforme, à tous les agents, récemment rappelée. Le syndicat a, par ailleurs, demandé la constitution d’une commission indépendante d’investigation, présidée par un magistrat, limitant cependant son mandat, depuis le 26 janvier 2011, date de la nomination de M. Ben Htira.
 
L’actuel directeur général, dans une interview accordée dimanche à notre confrère Ech-Chourouk, est revenu longuement sur les motivations réelles de ceux qui avaient forcé, le 27 mai dernier,  les portes de la direction générale, le contraignant à quitter son bureau et s’attaquant violemment à sa personne. « L’immense majorité des douaniers, a-t-il insisté, cependant, sont compétents, intègres et patriotes. Ils accomplissent leurs missions souvent dans des conditions très difficiles, mais toujours avec abnégation et dévouement. » Après avoir rappelé les différentes améliorations intervenues en faveur du personnel depuis la révolution, il a indiqué que des commissions paritaires ont été constituées en vue d’examiner toutes les questions encore non-résolues. » 
 
Autant de signes d’apaisement feront-ils leur effet ? « Difficile à le croire, mais il faut l’espérer, estime un professionnel du transit douanier, interrogé par Leaders. Les esprits doivent se calmer, ajoute-t-il, le corps des douaniers a toujours été discipliné et respectueux de l’Etat. Il ne saurait admettre pareille violence, même si ses revendications sont pour la plupart bien légitimes. Ce bras de fer n'est dans l'intérêt de personne. Il dessert notre économie et notre image. »
 
« La situation dans les Douanes suscite une vive indignation générale contre le comportement violent et inacceptable de certains agents à l’encontre de leur directeur général, déclare à Leaders un chef d’entreprise exportatrice. Ces actes s’attaquent au-delà de la personne de M. Ben Htira, à l’autorité de l’Etat et ne sauraient demeurer impunis. L’accepter, c’est jeter l’anathème sur l’ensemble des grands commis de l’État qui s’échinent à assumer de lourdes responsabilités dans cette période bien délicate. Face à cette attitude, le gouvernement qui aurait pu envisager une relève en douceur (le nom d’un officier supérieur aurait même circulé), se trouve acculé à raidir sa position, sans toutefois chercher à entrer dans une confrontation directe que personne ne souhaite, encore plus en ce moment. La voix de la raison doit l’emporter, il ne s’agit pas de sauver la face des uns ou des autres, mais d’ériger le respect en règle de base et d’œuvrer tous pour le renouveau des douanes Tunisiennes. Beaucoup est à faire afin de moderniser cette administration et lui permettre de jouer pleinement son nouveau rôle, après avoir tant souffert de l’asservissement du pouvoir déchu. »