"Le secret" révélé par Béji Caïd Essebsi aux investisseurs étrangers: "j'ai confiance en mon pays"
Debout dans une salle archicomble, plus de 600 chefs d’entreprise et officiels, tunisiens et étrangers venus de plusieurs pays, acclamaient vendredi après-midi, le premier ministre, M. Béji Caïd Essebsi, comme il l’a jamais été auparavant, depuis son arrivée à la tête du gouvernement. Pourtant, ils ne sont ni membres de son parti, ni des politiques ralliés à sa cause, mais essentiellement des investisseurs potentiels, participant au Forum : Nouvelle Tunisie, nouvelles opportunités, première édition new-look du Forum de Carthage. Curieux de voir le pays après le 14 janvier, ils ont accouru de partout écouter le gouvernement, rencontrer leurs pairs et détecter les bonnes opportunités.
Première surprise agréable, le ton a complètement changé. Habitué aux discours « très sérieux » de l’ancien premier ministre, M. Mohamed Ghannouchi, et son argumentaire chiffré pour attirer les IDE, ils ont découvert en son successeur, M. Béji Caïd, le style d’un grand homme d’Etat, décontracté, à l’humour raffiné et au verbe, en apparence improvisé, mais en fait bien préparé. Son message est simple : vous avez intérêt à investir en Tunisie où plus rien ne sera comme avant, c’est-à-dire, un climat d’affaires assaini, une économie libre et un accompagnement efficace. Le retour sur vos investissements est non seulement garanti, mais et surtout, sera conséquent. Plus, en investissant dans la révolution tunisienne, vous allez la soutenir pour réussir, car si cette révolution ne saurait aboutir ici, elle n’aboutira nulle part ailleurs ! Séduction et mise en garde, le message est entendu.
Le sous-secrétaire d'Etat américain à l'Economie, l'Energie et au Business Affairs, M. José W. Fernandez, ne pouvait se retenir d'applaudir. Tout comme le secrétaire général adjoint de l'OCDE, les directeurs de la Banque mondiale et autres grandes institutions.
Les petites phrases qui font mouche
Comme à son accoutumée, M. Béji Caïd Essebsi ne résiste pas à délivrer ses petites phrases aussi percutantes les unes que les autres :
« Je suis venu en l’honneur de toutes vos bonnes intentions… »
« S’il y a un pays dans toute la région qui aura un régime démocratique, c’est la Tunisie … »
« Nos atouts sont multiples : l’éducation, l’émancipation de la femme, la large classe moyenne et une armée républicaine qui refuse de prendre le pouvoir mais qui participe à la mise en lace de la Tunisie nouvelle… »
Nous aussi nous avons subi les dommages collatéraux de ce qui se passe en Libye : 500 000 réfugiés, 65000 Tunisiens rentrés au pays, 160 000 Libyens accueillis… Mais, vous savez, ce sont souvent les pays les plus pauvres qui sont les plus généreux… »
« On laisse croire que les 22 000 migrants tunisiens arrivés en Europe constituent un réel danger sur l'équilibre démographique du continent voisin...»
« Je vous vous livrer un secret : j’ai confiance en mon pays et en son avenir ! »
« La révolution tunisienne n’était pas destinée à l’export. Mais, étant une révolution du jasmin, l’odeur de cette fleur ne saurait résister aux frontières et a dû se propager au-delà du pays pour parfumer toute la région… »
« Je me réjouis de l’appellation « Le Printemps arabe », même si, en termes de saisons, après le printemps, il y a l’été, l’automne et même l’hiver. Je ne vous le cache pas, le printemps me plaît particulièrement… ».
On est loin de l’ancien Forum de Carthage !