Violences lors de la projection d'un film à Tunis : le ministère de la culture regrette
Le ministère de la Culture s'est exprimé, dans un communiqué rendu public, lundi, au sujet de la violence vécue dimanche à la salle AfricAart, comme suit: ''Suite aux actes de violence survenus lors d'une manifestation culturelle organisée, dimanche, à la salle de Cinéma AfricArt à Tunis, et au cours de laquelle les participants à cette manifestation ont été agressés par un groupe d'individus, le ministère de la Culture considère que la liberté de pensée et de création est l'un des fondements de la société moderne et l'une des revendications de la révolution glorieuse et de ses nobles valeurs."
Le ministère exprime son profond regret quant à ces pratiques étrangères qui desservent l'intérêt supérieur du pays et qui sont contraires à notre religion sublime et à la valeur de tolérance, qui constitue l'une des ses principales composantes.
La salle CinemAfricArt, située en plein centre ville de Tunis, avait été le théâtre d'affrontements violents, dimanche, entre un groupe d'individus « barbus » et un public d'intellectuels et d'artistes, lors de la manifestation « Touche pas à mes créateurs » organisée par le collectif « Lam Echamel » en collaboration avec l'Institut arabe des droits de l'Homme.
Vers 17h00, un groupe composé au départ d'environ 20 personnes a commencé par crier « Allah Akbar » (Dieu est grand) avant de se transformer en une foule d'environ une centaine de personnes dont certains étaient cagoulées scandant : « Le peuple est musulman et ne se résignera jamais », « dégage », « Le peuple demande l'incrimination de l'athéisme » et appelant à l'annulation de la projection du film de Nadia El Feni « Ni Allah ni Maître ».
Cette scène a duré plus d'une heure sans aucune intervention policière, jusqu'au moment où un groupe a forcé la porte de la salle de cinéma, brisant les vitres d'une façade de cet établissement et les vitres de la caisse et arrachant les affiches et les posters.
La violence a atteint son paroxysme quand une dizaine d'individus tous « barbus » ont pénétré dans la salle du cinéma, agressant son personnel et plusieurs personnes.
La violence est montée encore d'un cran, lorsque des membres de ce groupe ont proféré des menaces de mort au public, au cas où celui-ci assisterait à la projection de ce film, qu'il considère comme « une œuvre de mécréant ».
Le public affolé, a tenté vainement de quitter la salle dont les issues de secours étaient fermées, alors qu'un groupe a résisté farouchement aux assaillants en demandant au public de ne pas avoir peur et de ne pas céder à l'intimidation.
La confrontation a dégénéré en bataille rangée d'une extrême brutalité, jusqu'au moment où les forces de l'ordre ont fait irruption dans la salle, en procédant à l'arrestation des assaillants, ce qui a permis de rétablir la sécurité et rassurer le public.
Les forces de l'ordre ont, par ailleurs, sécurisé l'entrée de la salle ainsi que tous les rues adjacentes.
C'est alors que le programme de cette manifestation a repris avec la projection du film de Nadia El Feni ainsi que celui de Mohamed Ali Attassi « En attendant Abou Zayd ». Cette projection a été suivie d'un programme culturel auquel ont pris part une pléiade d'artistes dont notamment Amel Hamrouni, Sghaier Ouled Ahmed, Yasser Jradi, Abdelghani Ben Tara.