Mégaprojets Qu'en sera-t-il?
Le rêve, longuement claironné par l’ancien régime, des grands projets de développement urbain qui devaient changer la Tunisie et la vie des Tunisiens s’évapore de jour en jour depuis le 14 janvier. Qu’en est-il aujourd’hui au juste.
Déjà, les effets d’annonce fortement médiatisés avaient commencé dès l’année dernière à susciter beaucoup d’interrogations auprès des Tunisiens qui, incrédules, ne voyaient pas venir grand-chose de concret. Pour l’opinion publique, il s’agit, dans nombre de cas, de grosses affaires foncières, bénéficiant à des prédateurs étrangers et leurs acolytes locaux, Ben Ali et son clan, prélevant au passage une bonne dîme.
Dès les premiers jours de la révolution, le Haut Comité des grands projets, institué auprès de la présidence de la République en tant que guichet unique a été dissous. Ses prérogatives ont été transférées au ministère de la Planification et de la Coopération internationale (FIPA). Un comité ad hoc a été créé afin d’examiner la situation, au cas par cas, de chaque opération et de recommander au gouvernement la suite à réserver, apprend Leaders. Au total, 17 projets sont concernés et se trouvent à des degrés différents de statut. Quatre ont fait l’objet de conventions signées avec l’Etat tunisien, dûment endossées par des lois promulguées. D’autres ne sont qu’au niveau d’un protocole d’accord (Memorandum of Understanding, MOU), et les autres, soit sous forme de contrat préliminaire, ou de simples négociations encore non abouties.
Tous ou presque n’ont pas d’échéancier préalablement établi. Il s’agit donc d’en discuter avec les promoteurs concernés et de s’assurer de la faisabilité effective des projets. D’ores et déjà, celui de Sama Dubaï, qui n’a connu jusque-là aucun commencement, semble être voué à l’abandon de sa formule actuelle et remis sur le tapis, quitte à faire appel à d’autres promoteurs. D’autres, comme ceux des projets à composante soins de santé et bien-être, comme notamment ceux de Tozeur et Gabès, gagneraient à être relancés.
Nombre d’éléments militent en leur faveur, de par leur implantation dans des zones prioritaires, leur vocation et leur capacité de créer des emplois lors de leur réalisation, puis dès leur entrée en fonctionnement. La grande question qui se pose est celle de l’importance des investissements publics exigés par les promoteurs au titre des infrastructures, énergie, télécommunications, etc. L’Etat doit en effet prendre à sa charge tous ces coûts. Or, il s’avère qu’il s’agit, pour la quasi-totalité, de sites dans la capitale et la région côtière, qui ne sont pas prioritaires par rapport à l’intérieur du pays. Bref, toute une approche à revoir.