Santé : les dossiers chauds qui attendent le nouveau ministre Slaheddine Sellami
Dr Habiba Ezzahi Ben Romdhane n’a eu que cinq mois pour assurer l’amorce de la transition à la tête du ministère de la Santé. Nommée le 28 janvier, elle a passé le relais le 4 juillet. En attendant qu’elle établisse le bilan réel de cette courte mais intense période, avec les aspects réussis et ceux non-rattrapés, les frustrations et les attentes, elle retient surtout «l’entente avec les différents corps et la coordination avec les syndicats». «Leurs contributions m’ont été très utiles», affirme-t-elle à Leaders. Beaucoup pensent qu'elle aurait pu faire plus et mieux, même si elle y a mis toute son énergie, mais attendons le retour qu'elle fera de cette expérience. Son témoignage sera utile.
Son successeur, le Pr Slaheddine Sellami, n’aura lui, normalement que quatre mois, son mandat arrivant à terme dès l’élection de la Constituante, le 23 octobre prochain. Si le temps lui est ainsi compté, il doit en 100 jours, non seulement assurer la continuité du service public dans un secteur aussi crucial que celui de la santé, avec tout son système d’urgence et de soins ambulatoires, mais aussi, entreprendre les réformes les plus urgentes qui ne sauraient attendre davantage.
Ceux qui connaissent bien ce rhumatologue de renommée internationale (président de la Ligue Tunisienne de Rhumatologie, 1985-1989, de la Ligue Africaine et vice-président de la Ligue Internationale, 1995-1999) savent bien que derrière son calme naturel s’esquisse en fait un décisionnaire tranchant qui ne laisse rien attendre. S’il a accepté de sacrifier ses vacances pour une mission aussi courte que délicate, sans pouvoir en recueillir la moindre reconnaissance ou satisfaction, sauf celle du devoir accompli, il doit certainement estimer qu’il peut être utile, sans se faire, cependant, beaucoup d’illusions.
L’urgence est de faire face aux urgences qui se trouvent à présent aggravées par deux phénomènes exceptionnels : d’une part, l’affluence massive des frères libyens réfugiés en Tunisie (plus de 160 000 sans système de couverture sanitaire, en plus de réfugiés d’autres nationalités). Et, d’autre part, les inévitables victimes d’actes d’agression et de violence, suite à divers incidents accompagnant des évènements politiques et des mouvements sociaux. Encore, faudrait-il savoir optimiser les maigres ressources humaines et matérielles mises à la disposition du ministère, alors que toutes les charges augmentent. A regarder de près les comptes financiers des établissements hospitaliers, on mesure l’ampleur des déficits budgétaires, et réalise qu’assurer les consultations et les soins relève du miracle, dans nombre d’unités complètement dépourvues de moyens.
Mais, à cet effort quotidien de réanimation du dispositif pour qu’il ne lâche pas, s’ajoute pour le nouveau ministre, l’impératif de mettre fin à des dérapages redoutables, faire cesser les dépassements et rendre justice à ceux qui le méritent et ils sont nombreux. Lui qui, depuis 2005, dirige un laboratoire de recherche et ne cesse d’enrichir sa longue liste de publications, forte déjà de plus de 100 articles scientifiques, parus dans différentes revues nationales et internationales spécialisées, sait quel effort titanesque le secteur attend de lui, sur le terrain de l’opérationnel, c'est-à-dire du quotidien et de l’immédiat, sans perdre de vue, le structurel et le stratégique.
Au risque donc d’être submergé par toute cette intendance, le Pr Sellami saura certainement arbitrer entre les priorités.
Sera-ce facile ?