Une marche contre l'intolérance à Tunis
«Non à la violence et à l'intolérance, un appel à la coexistence dans le cadre du respect mutuel, loin de toute forme de fanatisme politique, religieux ou racial », est le mot d'ordre de milliers de manifestants qui ont participé, jeudi après-midi, à Tunis une marche qui a démarré de la place Pasteur pour parcourir l'avenue Mohamed V. Encadrée par une forte surveillance policière, cette marche est organisée à l'initiative du pôle démocratique moderniste, l'association "Tous unis" et l'initiative citoyenne. Des appels pour participer à cette manifestation ont été lancés via le réseau social facebook.
Les participants à cette marche pacifique, en majorité adhérents d'organisations et d'associations de droits de l'homme et de partis progressistes, ont scandé des slogans tels que: "La liberté pour tous"; "Oui pour la liberté de pensée"; "Non au terrorisme"; "Non à la violence et à la terreur".
Pour Ahmed Nejib Chebbi, un des fondateurs du Parti Démocrate Progressiste, sa participation à cette marche pacifique vient exprimer "sa colère et sa condamnation" de toute forme de violence perpétrée par "un groupe extrémiste" contre les créateurs et les institutions culturelles. "Il n'y a aucun motif pour faire usage de la violence, pour porter atteinte à la liberté d'expression ou pour détruire les biens d'autrui", a-t-il estimé.
La présidente de l'association des femmes démocrates, Ahlem Belhaj, a affirmé qu'il est impératif de veiller à la préservation des acquis de la révolution tunisienne. La violence, dit-elle, est «une manifestation contre-révolutionnaire qui vise à verrouiller les libertés publiques". Ce courant, a-t-elle affirmé est conduit par de nombreuses parties dont "les salafistes, les symboles de l'ancien régime et des éléments sécuritaires". "Le rejet catégorique de la violence est un slogan fédérateur de l'ensemble des Tunisiens", a clamé pour sa part Samir Bettaieb "Mouvement Ettajdid" et membre de la haute instance pour la réalisation des objectifs de la révolution.
De son coté, Hédi Lakhzouri, coordinateur du département de la formation syndicale à l'UGTT a souligné la nécessité d'adopter le dialogue comme voie d'entente, loin de toute forme de violence et d'extrémisme.
Une opinion partagée par Alya Chérif Chamari, membre de la haute instance pour la réalisation des objectifs de la révolution qui a défendu le droit du créateur quelle que soit son appartenance à une liberté totale lui permettant d'exprimer son opinion. "Le respect des libertés individuelles doit être un fondement de l'édification démocratique".
Cette marche vient exprimer une ferme condamnation de toute menace contre l'édification démocratique moderniste, a plaidé Khaled Abdelajawed, indépendant membre du pôle démocratique moderniste. Il s'agit d'un refus de toute tentative qui vise à exercer la répression et l'oppression contre autrui sous prétexte d'une divergence d'opinion.
En arrivant à mi-chemin du parcours de la marche qui devait traverser l'avenue Mohamed V, une majorité des manifestants ont choisi de rebrousser chemin vers le point de départ de la manifestation par crainte que des accrochages n'éclatent avec des participants au "sit-in du destin". Quelques dizaines de manifestants ont par contre choisi de poursuivre la marche.
Contrairement aux appréhensions exprimées par plusieurs manifestants, le rassemblement au niveau de la place des droits de l'homme n'a enregistré aucun incident. Les slogans scandés par les différents groupes étaient unanimes appelant à préserver, en premier lieu, l'intérêt du pays.