Il faut sauver le Groupe Chimique Tunisien
Le cri d’alarme que vient de lancer le Groupe Chimique Tunisien a de quoi inquiéter : l'un des fleurons de l’industrie tunisienne risque de disparaître entraînant dans sa chute des dizaines d’unités industrielles et la destruction des dizaines de milliers d’emploi. La cause : ces fameux Sit-in que nos concitoyens ont découvert depuis la révolution et dont ils usent et abusent avec le zèle des néophytes pour faire prévaloir leur "droit au travail", entravant depuis quelques mois la bonne marche du Groupe que ce soit à Mdhilla, Metlaoui, Gafsa, Gabès ou Sfax. Le GCT est à la Tunisie, ce que Général Motors est aux Etats Unis, Renault à la France et la SONATRACH à l’Algérie. C’est le symbole de la réussite industrielle tunisienne, du dynamisme du secteur public tunisien, de l’entreprise citoyenne avec des milliers d’emplois créés dans le bassin minier, à Gabès et à Sfax. Le GCT, c’est aussi un savoir-faire 100% tunisien exporté jusqu'en Chine et en Inde, générant des centaines de millions de dinars de devises par an. «Peut faire mieux », diraient certains. Indubitablement, et le Groupe s'y emploie avec le lancement de programmes de recrutement à grande échelle. Mais à l'impossible, nul n'est tenu. Car comment peut-on croire qu'il puisse être en mesure à lui seul de résoudre les problèmes du chômage dans le sud du pays ? Aujourd'hui, le Groupe, pris en otage, est à l'agonie, dans une indifférence quasi générale ( un filet de quelques lignes dans les journaux et quelques reportages télévisés ici et là), victime de quelques inconscients qui ne mesurent pas encore le tort qu'ils sont en train de faire à leur région, à leur pays et à eux-mêmes. Mais le plus grave c'est que ces Sit-in ont suscité des vocations dans le reste du pays. Des dizaines d’entreprises dans des secteurs aussi variés que la prospection pétrolière, les câbles, les conserves de tomates, le ciment, le transport ferroviaire et le catering, victimes de ces mêmes pratiques, sont menacées de fermeture ou, plus grave, de faillite.
Où sont passés le gouvernement, la Haute Instance pour la Réalisation des Objectifs de la Révolution, les partis, l'UGTT, les élites, la société civile ? N’y a-t-il pas moyen de faire entendre raison aux responsables de ces Sit in ? Le nouveau ministre des réformes, Lazhar Akrémi s’y est essayé déjà, il y a quelques jours en se rendant dans le bassin minier. Enfant de la région, jouissant d’une réputation solide d’homme sage et intègre, il était l'homme idoine pour réussir dans cette entreprise, mais à en juger par sa mine renfrognée à l'issue de sa rencontre avec les représentants des grévistes, les résultats ne devraient pas être probants. Qui a dit que le bon sens est la chose du monde la mieux partagée ?
Devrions-nous donc, nous résigner à la fatalité de l’échec pour le plus grand bonheur des extrêmistes de tous bords, que tout sépare mais qui se rejoignent sur un objectif : le dépérissement de l'Etat. On aurait alors le choix entre la république des Soviets (ne souriez pas, certains en rêvent) et l'Etat théocratique, autant dire entre la peste et le choléra. J'imagine déjà les ricanements sardoniques de ceux du «trottoir d'en face» :«Ah, ces Arabes, même quand ils gagnent, ils ne savent pas profiter de leur victoire». C'est le même reproche qu'on faisait à l'un de nos illustres ancêtres, Hannibal, il y a plus de 2000 ans.
HB