News - 10.07.2011
Un ancien ministre de Ben Ali, parti très tôt, témoigne et s'interroge dans un livre : qui fabrique le dictateur ?
Linguiste de renommée, ancien ministre de l’Enseignement Supérieur dans le premier gouvernement de Ben Ali, avant d’être exilé en Ambassadeur à Riad, Abdessalem Mseddi, fortement enchanté par la révolution, s’est imposé un silence médiatique total. Il a choisi de ne le rompre que six mois après le 14 janvier, dans un livre de témoignage et d’analyse qu’il publie avant la fin de ce mois, à la Maison Arabe du Livre. Question-clef : qui fabrique le dictateur?
Intitulé « Tunisie, blessures de mémoire », il retrace en 230 pages d’une écriture très pure, les 4 années passées par l’auteur dans le cercle du pouvoir et les 19 ans à son extérieur, revenant sur son parcours personnel, les moments forts vécus et surtout les enseignements qu’il tire de cette pénible expérience despotique subie par le pays. Abdessalem Mseddi ne peut s’empêcher de poser une grande question : qui fabrique le dictateur ? Un contexte ? La puissance économique ? Les grandes puissances ? Le peuple ? Sa réponse, étayée par des témoignages précis est que dans le cas de Ben Ali, il portait en lui-même et de longue date les gènes de la dictature, qui sont tellement forts qu’il n’étaient pas faciles à être neutralisés.
Ce 31ème livre d’Abdessalem Mseddi s’annonce donc intéressant à lire. Jusque-là, subissant l’ire du président déchu et fuyant la lourde censure de ses sbires, il a préféré ne publier ses ouvrages qu’à l’étranger, entre le Caire, Beyrouth et Dubaï.