Hamouda Ben Slama et Cheikh Mourou: les Oui et les Non en explication de leur Appel
«Nous avons grandement hâte à mettre terme à l’aléatoire, fonder l’Etat sur la légitimité des urnes et éviter au gouvernement actuel la précarité qui le plombe!» Pour le Dr Hammouda Ben Slama, co-signataire d’un «Appel des Indépendants», «le gouvernement donne des signes de fragilisation, comme s’il devait sa légitimité aux Instances qu’il avait lui-même créées et qui ne sont d’ailleurs que consultatives. Il lui appartient de reprendre ses forces et de conduire le pays vers les élections, même si certains sont sceptiques sur leur tenue à l’échéance fixée. Le pays n’attend pas !»
« Cet appel, explique Radwane Masmoudi, président du CSID, à peine rentré de Washington et installé à Tunis, a été lancé à l’initiative d’un groupe de personnalités « indépendantes » qui ont constaté la prédominance du discours des partis, au dessus de celui d’une large masse non-encore engagée. Plus de 70% des Tunisiens ne se sont pas encore exprimés, et il convient de leur permettre de faire entendre leur voix, en attendant le choix des urnes. D’ores et déjà, précise-t-il, plus de 300 personnalités se sont jointes aux premiers signataires.»
Sollicité par les médias lors de la conférence de presse donnée vendredi matin à ce sujet, Cheikh Abdelfattah Mourou, précisant qu’il s’exprime en tant qu’indépendant, estime que trois grands défis s’imposent actuellement à la Tunisie. Le peuple est-il capable de tisser de nouveaux liens fondés sur l’écoute de l’autre, le dialogue et la tolérance ? Sommes-nous en mesure de fonder une démocratie totale qui ne coupe pas le pays en deux camps : celui des démocrates et celui des autres sensibilités religieuses comme si elles n'étaient pas ancrées dans la démocratie ? Est-ce-que les Islamistes sont à même, en partant de leurs convictions et visions, d’établir des ponts avec les autres. Plus encore, sont-ils capables de se hisser au-delà des clivages et de rallier les autres membres de leurs mouvements à cette ouverture ?
En clair, pour Cheikh Mourou, et il le précisera plus tard, Ennahdha doit exprimer clairement sa position à l’égard de certains évènements qui marquent la scène tunisienne, instaurer un dialogue à la fois, interne profond avec ses adeptes, mais aussi avec toutes les autres sensibilités de la mouvance islamique, afin de bannir la violence, rapprocher les points de vue et œuvrer à la réussite des élections.
Un appel qui s'impose
Quinze signataires dont Ben Slama, Mourou, Jourchi, Temimi, Mekni, Masmoudi, Ben Younès, et autres personnalités, avaient, dans un appel lancé cette semaine, marqué leur attachement à l’échéance du 23 octobre, appelé les hautes instances à surseoir à l’examen des décisions cruciales, reconnu le droit à l’éligibilité sans exclusive, sauf pour une minorité qui a assuré de hautes fonctions aux gouvernement et au RCD durant les 10 dernières années, considéré que les questions de l’identité et de la religion sont déjà tranchées, réclamé le renforcement des hautes instances dans un souci de plus grande représentativité et estimé nécessaire l’octroi de la présidence des commissions électorales régionales à un magistrat et la supervision des élections par les représentants de l’ONU et de parties internationales, en plus de la société civile tunisienne et des huissiers notaires.
Aussi, les signataires de l’appel invitent à faire sortir le pays de l’atmosphère de l’état provisoire qui prédomine et d’instaurer au plus vite possible, dès le lendemain des élections, des organes de l’Etat, dans un délai n’excédant pas le 25 juillet 2012. Pour ce qui est des médias, ils ne cachent pas leur inquiétude quant au déséquilibre constaté, appelant les organes de presse à observer une neutralité à l’égard des différentes formations et de n’exclure aucune d’entre elles, en privilégiant l’éclairage et en évitant le sensationnel.