Que pensent les partis politiques tunisiens de la question environnementale ?
En clôture de sa XXVIIème session d’enseignement, consacrée cette année au droit constitutionnel et à l’environnement, l’Association Internationale de Droit constitutionnel a invité dix partis politiques tunisiens à discuter de la question de la constitutionnalisation des droits de l’Homme à l’environnement au moment où la Tunisie s’apprête à écrire sa nouvelle constitution.
Dans son allocution d’ouverture, le Président de l’Association, M. Abdelfattah Amor, a rappelé qu’il est de la responsabilité de la prochaine assemblée constituante, qui sera élue au mois d’octobre en Tunisie, de se pencher sur les préoccupations relatives à l’environnement, qui doivent aller de pair avec les préoccupations relatives à l’économie. Le Secrétaire général de l’Association, M. Ghazi Gheraïri a, par la suite, ouvert le débat et les sept représentants des partis qui ont répondu favorablement à l’invitation de l’association, le mouvement Ennahdha s’étant excusé, ont pris un à un la parole pour se positionner par rapport à la question environnementale et expliquer la place et l’importance qu’elle prend dans leur programme.
Pour le parti Tunisie verte qui, comme son nom l’indique est basé sur les questions de respect de l’environnement, la question écologique est au centre des problématiques de développement. Quant à la représentante du parti Le Congrès pour la République, elle a rappelé que l’assurance d’un environnement sain à l’ensemble des citoyens doit être effectuée dans un esprit de partenariat entre l’Etat, les collectivités locales, les associations et les citoyens. Le PDP, pour sa part, a consacré un projet environnemental qui serait développé en charte à inscrire dans la constitution ou à sa marge et son représentant a rappelé les expériences des autres pays, notamment développés, pour l’inscription des droits environnementaux dans leur arsenal législatif. Pour Afek Tounes, l’écosystème de la Tunisie est fragile et vulnérable, ses ressources naturelles sont rares et menacées et il est essentiel que les questions d’environnement ne soient plus l’objet de surenchères politiques mais s’intègrent dans un projet de société. Le représentant d’Ettakatol a rappelé que la Tunisie ne part pas de rien et qu’elle possède des organismes et des projets consacrés à l’environnement mais dont il faut absolument améliorer la gouvernance. Pour Ettajdid, la volonté politique est au cœur de l’intégration des questions environnementales dans les programmes de développement de la Tunisie. Enfin, le représentant d’El Majd s’est intéressé, dans son intervention, non pas aux raisons de l’importance de l’environnement et de la nécessité de son intégration dans la constitution mais aux moyens d’intégrer ce droit comme un droit fondamental.
Le sujet écologique est ainsi apparu à travers cette assemblée, et des discussions qui s’y sont déroulées, comme un sujet rassembleur qui fait consensus de la part de tous les partis politiques présents et non un thème où des divisions et des divergences peuvent apparaître, pour le bien de la Tunisie d’aujourd’hui et de demain. Quant à la question de sa constitutionnalisation, elle est moins tranchée et la plupart des présents ont insisté sur la nécessité d’ouvrir le débat à la société civile.
ABH