Engager le débat sans haine, ni violence
L’organisation par Ennahdha d’un colloque sur la gauche arabe a suscité, ces derniers jours, des réactions indignées dans les rangs de la gauche tunisienne en raison du choix de l’intitulé de cette manifestation tel qu’il a été mentionné initialement sur facebook : « Les rapports de la gauche avec le sionisme ». Quelques heures plus tard, cet intitulé, jugé trop choquant a été modifié comme suit : « Les rapports opportunistes de la gauche avec les islamistes ».
Il faut dire que depuis plusieurs mois, le mouvement Ennahdha est au centre du débat politique. C'est le sujet polémique par excellence, celui qui déchaîne les passions et enflamme les esprits. En comparaison, les questions institutionnelles et politiques semblent d'un ennui mortel. Les gens d'Ennahdha le savent bien qui semblent, en fins tacticiens, prendre un malin plaisir à titiller l'opinion publique par leurs positions à rebrousse-poil sur des sujets sensibles tout en se posant constamment en parangons de la démocratie et de l'attachement aux préceptes de l'Islam.
Car il faut le reconnaître, ce n'est pas tant l'existence de ce mouvement, accepté désormais par une majorité de Tunisiens, que les idées qu'il défend sur bien des sujets notamment en matière de statut de la femme et de séparation entre la religion et l'Etat qui font problème. Pour une grande majorité de Tunisiens, la remise en question du CSP, emblématique de l’héritage bourguibien fait partie des lignes rouges à propos desquelles il ne faut pas transiger. Or, c’est ce à quoi s’emploie avec un art consommé de la provocation, le mouvement Ennahdha.
Par petites touches à la manière des impressionnistes, ils distillent leurs idées, quitte à les démentir par la suite par des phrases alambiquées ouvertes à toutes les interprétations. Il s’agit de jeter le trouble dans les esprits et de faire douter les gens en proposant les fausses réponses aux vrais questions. Comment y faire face ? En engageant le débat avec eux, sans haine et sans violence, mais aussi sans faiblesse. Vous ne risquez pas de les convertir à vos idées. Mais au moins qu'ils sachent que vous êtes décidé à défendre mordicus vos idées.