Emissions politiques : gare à l'effet-boomerang
Parmi les raisons invoquées pour justifier le peu d’empressement des Tunisiens à se faire inscrire sur les listes électorales, la pléthore de partis et surtout l’absence de programmes qui pourraient aider à différencier les différentes formations. A vrai dire, ces raisons sont révélatrices moins d’une désaffection pour cette campagne que de l’inculture politique -abyssale - des Tunisiens, incapables, 55 ans après l’indépendance, de distinguer entre opération de vote et inscription sur les listes électorales. On n’a pas besoin de connaître les partis pour s’inscrire. C'est une vérité d'évidence qui échappe pourtant à un grand nombre de nos compatriotes.
Ce ne sera pas le cas pour les élections où l’on aura besoin d’avoir une idée sur les programmes des partis. Sauf que, en fait de programme, la majorité de ces partis nous proposent pour le moment de simples slogans et au mieux de promesses électorales dont la lecture risque d’ajouter à la confusion. Il suffit de suivre l’émission télévisée sur la chaîne nationale « sahet el ahzeb » pour s’en convaincre. Le spectacle fait souvent peine à voir. Des hommes présentés comme des présidents de partis nous font miroiter à coup de « y a qu’à », les projets les plus fous, comme la possibilité de créer 500.000 emplois… « d’ici les élections », ou La possibilité de porter le taux de croissance...à 25% par an !!! Comment ? "y a qu'a", suit une litanie de propositions aussi farfelues les unes que les autres. On n'a plus affaire à des hommes politiques mais à des magiciens. De qui se moque t-on ? Censé contribuer à faire connaître les formations politiques auprès des électeurs, ce genre d’émission risque de donner une piètre image du responsable politique et partant provoquer d'aggraver la crise de confiance entre les citoyens et la classe politique. Au train où vont les choses, l'effet-boomerang est inévitable. Dans ce cas, pourquoi ne pas se contenter des formations les plus connues. Les autres n'ont qu'à faire la preuve de leur sérieux avant de passer sur antenne.
Hèdi Bèhi