Habib Essid à l'AFP : Il y a des résidus et il n'est pas facile de sortir du jour au lendemain de 23 ans de dictature
Pour sa première déclaration à la presse internationale, le ministre de l’Intérieur estime que la situation sécuritaire en Tunisie "n'est pas encore tout à fait stable", notamment en raison de la situation en Libye, mais se déclare cependant "confiant" sur l'évolution de la situation d'ici les élections du 23 octobre. Répondant aux questions de nos consœurs Hamida Ben salah et Kaouther Larbi, de l’AFP, le ministre affirme vouloir changer la visage de la police et « en finir avec les mauvais traitements est en tête de mes priorités, indiquant qu’il a demandé aux ONG de lui signaler tous les cas. Interview
Q: Quel est l'état de la sécurité en Tunisie et sur la frontière avec la Libye?
R: Le pays n'est pas encore tout à fait stable. Nous sommes en alerte pour faire face à tout imprévu, il y a eu des incidents mineurs.
Sur la frontière libyenne, la situation s'est calmée au point de passage de Dehiba, mais il y a des problèmes au poste de Ras Jedir et à Benguerdane avec d'importants mouvements des insurgés et unités de Kadhafi.
Nous avons renforcé la présence de l'armée pour être prêts à tous les scénarios. Aux dernières informations, Kadhafi en serait à son dernier quart d'heure, dans ce cas nous aurons à gérer un autre flux de réfugiés.
Q: La Tunisie est-elle prête pour des élections libres et transparentes ? Quel sera le rôle du ministère de l'Intérieur ?
R: Je suis confiant, le moment venu les Tunisiens répondront présents. 3.000 agents sont en formation pour contribuer à la réussite des élections et nous collaborons étroitement avec l'ISIE (instance supérieure indépendante des élections).
Nous mettons toutes nos compétences à sa disposition. Les élections sont la responsabilité de tous. Avec une bonne collaboration de tous, nous conduirons la Tunisie à de vraies élections libres et transparentes d'une constituante le 23 octobre.
3,8 millions se sont inscrits, un taux de 55% à l'échelle nationale est très encourageant!
Q: Vous affirmez vouloir changer le visage de la police, alors que les ONG dénoncent la poursuite de la torture. Comment comptez-vous procéder?
R: Faire évoluer les mentalités. Certaines pratiques ont la peau dure. Il y a des résidus et il n'est pas facile de sortir du jour au lendemain de 23 ans de dictature. En finir avec les mauvais traitements est en tête de mes priorités et j'ai demandé aux ONG de me signaler tous les cas.
Que l'on soit assuré que ce qui s'est passé en Tunisie est irréversible. Le peuple qui s'est libéré lui-même ne peut pas se soumettre à un nouveau dictateur.
Nous avons de nouvelles collaborations avec l'Union européenne, la France en tête, l'Allemagne et l'Espagne, et les Nations unies, et restons ouverts sur le monde. »