Tounes Oui, Afek ça suffit !
La composition des listes candidates aux élections du 23 octobre ne manque pas de susciter, inéluctablement, certaines frustrations, déceptions … et défaillances. Dans un grand nombre de partis et de formations indépendantes, ce qui est tout-à-fait normal et ne saurait remettre en causes ces structures qui doivent certainement avoir leur propre logique. Ci-après, une déclaration (assez véhémente) adressée à Leaders par M. Ali Gargouri, chef d’entreprise à Paris et qui devait conduire la liste d’Afek Tounès pour la circonscription France 1 (Nord). De Sousse nous parvient une deuxième déclaration relative à la liste d’Afek dans la région. Ines Saidane épouse Nouira, « mère de famille &Citoyenne responsable et soucieuse de l’intérêt de la nation et de la région plus que des intérêts des individus ou des clans », écrit sous le titre de : « Quand les Horizons ne convergent plus chez Afek ! » Il faut juste souligner qu'Afek Tounes n'est pas l'unique parti à connaître pareilles réactions.
On dit quand on vend de la démocratie et de la transparence, qu’il vaudrait mieux en avoir quelques échantillons sur soi. C’est justement ce qui me semble manquer à Afek dont j’étais tête de liste France Nord le 23 août et que je quitte pour continuer mon engagement pour la Tunisie de façon plus constructive, plus coopérative et plus efficace.
C’est grâce à mon militantisme auprès de nos frères tunisiens livrés à eux-mêmes dans certains parcs parisiens que j’ai été remarqué et recruté par le bureau Parisien de Afek Tounes. Nos frères qui étaient passés par Lampedusa pour fuir le désespoir en Tunisie se sont retrouvés dispersés entre le parc de la porte de la Villette et le parc des Buttes Chaumont où de nombreux tunisiens de Paris se sont relayés pour les aider. J’avais alors assuré une bonne couverture médiatique pour accélérer une sortie de crise de nos frères à la rue en plein hiver.
Suite à l'occupation par un groupe de migrants tunisiens du fameux bâtiment au 36 rue de Botzaris (propriété de l’état Tunisien et fief parisien du RCD), j’ai soutenu à titre humanitaire nos frères dans leur détresse sous un toit tunisien et c’est là que nous avions découvert les archives du RCD qu’il était important pour nous tous de préserver pour le jour où la justice en aurait besoin. J’ai fait appel à l'avocate Soumaya Taboubi pour m’aider à récupérer et mettre à l'abri tout ou partie de ces archives en attendant que la justice s’en saisisse. Nous avions sauvé une partie de ces archives avant que les CRS ne viennent évacuer de force le bâtiment, probablement sur requête de notre ambassade que nous n’avons pas vu courir au secours de nos frères remis dans la rue.
J’ai accompagné par la suite nos frères de nouveau dans la rue pendant quelques nuits et c’est là que les militants d’Afek Tounes France impressionnés par mon engagement ont insisté pour me compter parmi leurs militants pendant quelques mois avant de me nommer tête de liste France Nord le 23 août. Malheureusement cette nomination ne convenait pas au comité central du parti à Tunis, les arguments avancés évoquant un problème d’éthique personnelle jugé éliminatoire.
Alors que pour le reste du monde, la démocratie c’est faire faire au parti ce que veut la majorité des citoyens, pour Afek Tounes la démocratie c’est faire faire à la majorité des citoyens ce que veut le parti !! ça ne vous rappelle pas certaines pratiques de l’ancien régime ?
L’entrepreneur que je suis s’est construit tout seul comme un grand, Dieu merci, mais vis-à-vis de Afek, j’avais encore l’impression qu’il fallait que je m’excuse de ne pas faire partie de l’élite, de ne pas avoir été à Harvard, Polytechnique ou Centrale, ou de ne pas faire partie des familles nobles de Mahdia, de Menzah ou de la Marsa.
Je ne suis point confiant dans l’aptitude d’Afek Tounes à servir les intérêts de la classe moyenne en Tunisie ni ceux de la Tunisie profonde. Seuls les intérêts des dirigeants comptent et je veux bien croire que cela peut marcher relativement longtemps dans une entreprise où ces dirigeants sont actionnaires mais ça ne marche pas longtemps en politique, le verdict des urnes étant renouvelé périodiquement, et la Tunisie est une entreprise qui a cessé d’appartenir à une poignée de familles, elle appartient désormais à 11 millions de Tunisiens. De grâce messieurs les dirigeants d’entreprises, jouez avec votre argent mais arrêtez de jouer avec l’argent des citoyens.
Désormais mon combat continue auprès de ceux qui considèrent l’intérêt suprême de la nation au-dessus des intérêts tribaux ou individuels.
Vive la Tunisie libre, juste et digne.
Ali Gargouri
Crédit Photo : Sophie Lebrun/Témoignage Chrétien