Garde Nationale, hommes d'affaires, Libye… Les petites phrases de Caïd Essebsi
Malgré une petite inflammation de la gorge et les fortes contrariétés que les incidents successifs lui font subir, le Premier ministre, M. Béji Caïd Essebsi garde son sang froid, multipliant évocations historiques, citations de faits chiffrés, intransigeance sur le respect de la loi et confiance en l’avenir. En 45 minutes de discours et de réponses aux questions des journalistes, mardi matin, il ne s’est privé de ciseler ses petites phrases, bien fléchées. Extraits
Garde Nationale : C’est un corps que j’ai vu naître à l’aube de l’indépendance, aux côtés de Bourguiba. Formé de jeunes patriotes, il a toujours été au service de la Nation, sans jamais démériter. Aujourd’hui, j’ai de la peine à reconnaître certains de ses éléments. L’immense majorité est loyale. Ils ne sont que 3 à 4 % au maximum à céder aux sirènes. J’invite aujourd’hui solennellement tous les Gardes Nationaux à respecter leur serment et à s’acquitter au mieux de leur noble mission au service de la Nation, comme ils l’ont toujours fait, avec courage et abnégation.
Hommes d’affaires : Sans entrepreneurs, il n’y a pas de création d’emplois, ni de relance économique et de croissance. Il importe qu’ils soient rassurés, encouragés et soutenus dans leurs efforts. Personne ne peut remettre en question leur droiture et leur probité. S'il s'avère que certains, et cela doit être une minorité, sont impliqués dans des affaires, c’est à la justice de se prononcer à leur encontre, en leur garantissant le droit aux recours à exercer. Prétendre aujourd’hui qu’il y a des listes d’hommes d’affaires à poursuivre est sans fondement. Même ceux qui ont fait l’objet, sur décision de justice, d’interdiction de voyage, peuvent s’y opposer par les voies légales qui leurs sont garanties. D’ailleurs, j’ai demandé au Ministre de la Justice de notifier personnellement toute interdiction de quitter le territoire à chaque personne concernée. Vous savez, des erreurs peuvent surgir et elles peuvent être rattrapées. La présomption d’innocence est la règle. Nos hommes d’affaires sont indispensables et précieux pour l’avenir de la Tunisie et sa prospérité
Média : Je n’arrive plus à comprendre, surtout les médias publics qui sont, d’ailleurs, les plus circonspects à l’égard du gouvernement et des symboles de l’Etat. Prenez l’exemple de l’adresse officielle faite par le Président de la République, lundi soir dernier, dès l’annonce de l’Aïd, pour présenter ses vœux à la Nation. Elle n’a été mentionnée dans le journal télévisé que dans une position bien tardive, après tant de petites nouvelles. Où est la hiérarchie effective des informations, le respect dû aux symboles de l’Etat ?
Revue (hebdomadaire): Vous êtes de quel journal ? Ah, mais bien sûr. Je connais, mais cela ne veut pas dire que j’apprécie ?
Journal (quotidien): Ecoutez, occupez-vous de votre journal, et laissez-moi m’occuper du gouvernement, j’ai tant de choses à faire.
Référendum : Vous me demandez de vous dire clairement et directement si référendum il y aura ? Je vous réponds clairement et directement que ce n’est pas de mon ressort. La décision en revient aux partis politiques, au conseil des ministres et au président de la République.
Tireurs de ficelles : Vous m’interrogez sur l’identité de ceux qui tirent les ficelles et manipulent les fauteurs de troubles. S’ils étaient connus et confondus, ils seraient déjà entre les mains de la justice.
Libye : Tout n’a pas été encore révélé sur nos véritables relations avec le Conseil National de Transition. Nous l’avons reconnu dès le premier jour et c’est à sa demande pressante que nous ne l’avons pas annoncé afin de préserver certaines marges de manœuvres. Aucun effort n’a été épargné pour venir en aide à nos frères et nous acquitter du devoir de solidarité agissante, gouvernement et population, dans un magnifique élan de fraternité qui a ébloui le monde et conquis tous les Libyens. C’est là notre devoir, sans rien attendre quoi que ce soit. Je ne peux qu’être sidéré lorsque j’entends une jeune journaliste répliquer à un frère libyen qui loue l’attitude de la Tunisie lui rétorquer que la reconnaissance officielle du CNT a été tardive… Qu’en sait-elle au fait ? Ou encore, lorsqu’un autre journalise demander où est notre part du gâteau ! De quel gâteau parle-t-il et de quelle part ? Ils n’ont rien compris.
La Tunisie entre les mains de ses enfants : Bourguiba ne cessait de me le répéter : l’unique danger qui peut menacer la Tunisie, ne peut venir que de ses enfants ingrats, alors prenez-y garde. Si je vous le dit, c’est pour vous appeler à la vigilance et demander aux ingrats de cesser de nuire à la Patrie.