Trois nouveaux patrons de presse : Kamal Samari à Dar Assabah, Elyès Gharbi à Shems FM et Ikbel Gharbi à Radio Zitouna
Trois administrateurs représentants de l’Etat viennent d’être désignés au sein des conseils d’administration d’entreprises de presse appartenant à des membres du clan Ben Ali et faisant partie de confiscation totale ou partielle. Il s’agit de :
- Kamal Samari, à Dar Assabah (dont Sakhr El Materi détenait 80%)
- Ilyès Gharbi, à Shems FM (fondée par Cyrine Ben Ali)
- Ikbal Gharbi, à Radio Zitouna (appartenant totalement à Sakhr El materi).
Ancien militant de l’UGET, Kamal Samari, 68 ans, originaire de Thala, s’était établi depuis le début desannées 70 à Paris pour poursuivre ses études en philosophie, s’y illustrant par une intense activité militante et journalistique, puis à Londres. Rédacteur-en chef du journal l’Unité, édité à Paris, dans les années 70 par le MUP (Ahmed Ben Salah), il s’est rendu par la suite à Londres où il a été, d’abord, rédacteur-en-chef de la revue Eddastour à Londres, avant de rejoindre Amnesty International où il a occupé de hautes fonctions, notamment pour les pays arabes en qualité de porte-parole pour le Moyen Orient.
Sollicité par Al Jazeera, Kamal Samari a été désigné directeur du bureau de Londres et chargé de la communication en Europe. Il a en outre dirigé la production de deux émissions phares, Akthar Min Ra’y et Massarat.
Pourchassé sous Bourguiba, il n’avait pu rentrer en Tunisie et reprendre son passeport, pour la première fois qu’en 1988. La persécution s’est poursuivie sous Ben Ali qui l’a fait condamner en 1996 à 5 ans de prison, avant de le faire libérer sous la pression internationale. La révolution du 14 janvier lui a donné une troisième jeunesse, comme l’a confié à Leaders (la deuxième étant celle dont il avait bénéficié après une lourde opération de triple pontage cardiaque). C’est ainsi qu’il a sauté dans le premier avion en partance de Londres, pour rallier Tunis.
Depuis son arrivée, il s’est dédié à titre bénévole, au service de la transition, ouvrant à la société civile et aux différentes instances, son large carnet d’adresses et invitant à Tunis ses amis experts pouvant apporter leurs contributions utiles. Kamal a été derrière la participation de l’équipe de l’Article 19 aux travaux consultatifs engagés par la Haute Instance pour la réalisation des objectifs de la révolution, ainsi que ceux de l’Instance Nationale pour la Réforme de l’Information et de la Communication.
N’oubliant pas sa ville d’origine, Thala, ensanglantée par l’oppression du président déchu, Kamal Samari s’y est établi ses derniers temps, sans la moindre ambition politique, mais afin de se ressourcer, mais aussi d’aider les siens à se reconstituer et mieux s’impliquer dans le processus de transition
Ilyès Gharbi, journaliste diplômé de l’IPSI, producteur radio et TV, s’est particulièrement illustré d'abord sur Canal 21, puis Mosaïque FM, et sur Nessma TV, dès le vendredi 14 janvier, en modérant les débats, jusqu’à avril. Voulant changer d’air, il acceptera l’offre d’Express FM où il a officié, dès début mai, sur la tranche matinale.
Quant à Ikbel Gharbi, elle est professeure d'anthropologie à l'Université Ez-Zitounia.
Quel rôle exact auront-ils à jouer ?
Si la gestion administrative et financière, dans ces entreprises, revient aux administrateurs judiciaires désignés par la justice, sous la supervision des juges contrôleurs, le mandat des administrateurs représentants de l’Etat (devenu actionnaire en tant que propriétaire des bien confisqués), est celui de tout membre de conseil d’administration tel que défini par le Code du Commerce. Mais, plus spécifiquement dans le cas particulier, ils auront à élaborer la stratégie générale, superviser la ligne éditoriale et diriger les comités qui peuvent être créés.
La stratégie adoptée par le gouvernement semble donc de séparer l’administration légale de l’entreprise de sa gestion technique. On ne sait pas encore si les nouveaux administrateurs seront investis du statut d’administrateurs délégués, c’est-à-dire, opérant à plein temps, et non limités aux sessions du conseil d’administration, et exerçant des fonctions exécutives directes qui les autorisent à donner des instructions aux structures opérationnelles. En clair, seront-ils les patrons directs des rédactions ?
Un point juridique est également à éclaircir : dans l’affirmative, seront-ils légalement les directeurs responsables de la publication, devant répondre au titre du code de la presse, de toute infraction ou délit pouvant être commis. Ce qui est, en fait, tout-à-fait logique s’ils assument la direction rédactionnelle. Actuellement dans le cas de Dar Assabah, c’est l’administrateur judicaire, Al Majed Abdessalem, Expert-Comptable, qui est le directeur responsable de la publication.