Mokhtar Trifi : le congrès de la LTDH a consacré le triomphe d'élections démocratiques transparente et défini le nouveau rôle
« Plus qu’un succès, c’est un véritable triomphe qui consacre notre capacité à réussir, dans la diversité des convictions et appartenances, des élections démocratiques, libres et indépendantes, que personne ne peut contester et qui nous renforcent pour l’avenir. » A l’annonce, sous les acclamations unanimes, dimanche soir, des résultats des élections du nouveau comité directeur de la Ligue Tunisienne des Droits de l’Homme, le président sortant, Me Mokhtar Trifi est en droit de jubiler. « La Ligue, affirme-t-il à Leaders, vient de démontrer que nous sommes en mesure de réussir un scrutin transparent, de transcender nos différences pour converger vers un vote indépendant qui exprime notre volonté collective. C’est là un message clair est fort : nous pouvons nous opposer entre nous, mais nous faisons arbitrer les urnes et nous respectons leur verdict »
A ses yeux, « la Ligue sort aujourd’hui dotée d’une nouvelle direction qui jouit de l’unanimité et capable d’être utiles à toutes les forces pour servir la transition démocratique. Nous venons de franchir une première étape, bien significative pour les autres échéances qui nous attendent. ».
Trois jours durant, depuis vendredi, 184 congressistes, heureux de pouvoir en fin, tenir leur 6ème congrès, après 11 ans d’oppression, ont longuement débattu du nouveau rôle que la Ligue doit réinventer et entreprendre dans la Tunisie nouvelle. A la quasi-unanimité, le bilan du comité directeur sortant, sous la présidence de Me Trifi a été plébiscité, tout comme le rapport moral. Les échos parvenus à Leaders, des débats à huis clos, soulignent une réelle appréciation du combat mené, avec courage et sans le moindre fléchissement contre la dictature, malgré l’ampleur des menaces et la recrudessense des attaques et manœuvres. Mais, d’autres questions, déterminantes pour l’avenir de la Ligue ont pu être tranchées.
D’abord, celle du financement. Faut-il accepter des financements étrangers ou non ? C’est le cas par exemple pour restructurer la Ligue et déployer son réseau dans les régions, ou encore, constituer l’observatoire des élections, etc. La réponse finale est claire : oui au financement étranger, comme celui de l’Union Européenne, tant qu’il n’est conditionné par aucune obligation et qu’il respecte pleinement la liberté et l’indépendance de la Ligue.
Plus encore, les congressistes ont revendiqué un financement public tunisien, sur le budget de l’Etat, conscients de l’importance de moderniser et professionnaliser le fonctionnement de la LTDH, d’ouvrir des sections dans toutes les régions, de les doter de personnel permanents et d’équipements technologiques, et de renforcer leurs systèmes de gestion et de communication.
D’ailleurs, la régénération des adhérents a été longuement débattue. La Ligue qui compte actuellement entre 3000 à 4000 adhérents n’a pas pu, depuis 1994, distribuer les cartes d’adhésion, de peur de la main mise du pouvoir. Il a été convenu d’ouvrir les adhésions et de veiller particulièrement à l’accueil des jeunes et des femmes pour renforcer les rangs avec du sang neuf.
Autre question abordée : quelle attitude tenir à l’égard d’anciens membres qui s’étaient acharnés contre la Ligue, attenant à sa mission et oeuvrant pour sa domestication ? Là aussi, l’esprit conciliateur l’a emporté. Pas de jugement collectif et de décision d’ensemble. Chacun a le droit d’être reçu pour s’expliquer de ses actes et exercer son droit de recours. Le plus important pour les congressistes est de définir les voies de l’avenir et de consolider la transition démocratique.
«Rien que pour ça, a confié à Leaders, un invité arabe, Mokhtar Trifi et son équipe ont largement réussi ce congrès. Ils nous balisent la voie dans nos pays ».