Désignation des directeurs des lycées et collèges : le ministère de l'éducation nationale doit revoir sa copie
Cette année, la rentrée scolaire dans les collèges et lycées publics a vu l’arrivée de nouveaux directeurs. Par les temps qui courent, cela peut paraître l’un des fruits de la révolution que l’ont peut saluer à première vue.
Il convient de rappeler que le rôle du directeur est majeur pour développer une culture de la qualité et de l’excellence au sein de nos établissements. C’est pourquoi, il faut porter le plus grand soin au processus de son choix.
Rappelons que la désignation dont il est question a été faite sur la base d’un accord entre le ministère de l’éducation nationale et le syndicat de l’enseignement secondaire stipulant un processus en deux étapes. La première étape est la sélection sur dossier et l’affectation d’un score en fonction d’un ensemble de critères (que nous n’allons pas discuté). La seconde étape est un « entretien oral » joliment appelé " ?????? "
Cette décision de changer les directeurs pendant cette rentrée et le processus adopté pour y arriver appellent malheureusement plusieurs constats.
Le premier constat est que le changement des directeurs n'est pas une simple opération administrative. Il doit au contraire être au cœur de toute une réforme à faire au niveau de notre système éducatif.
Le second constat est que le gouvernement de transition actuel n'a pas la légitimité pour réaliser cette réforme et en plus, il n’a pas le temps de le faire compte tenu des délais. Certains directeurs, connus par leurs malversations ou par leur incompétence auraient pu être remplacés sans devoir toucher de manière aussi générale à tout le corps et laisser le soin au gouvernement qui sera élu de réaliser la réforme requise.
En supposant que ce changement était nécessaire, il aurait fallu lancer un débat national et impliquer les autres parties concernées à savoir les partis politiques, les parents d’élèves, la société civile et pourquoi pas les élèves. Un tête à tête entre ministère et syndicat comme s’il était question d’un sujet purement administrative ou purement syndical est très malvenu.
Notre troisième constat concerne le processus choisi qui s’apparente fort à une tazkia à l’ancienne. En effet, après l’analyse du dossier et affectation d’un score, le candidat subit un oral devant un jury composé de représentants du ministère et du syndicat attitré. Cet Oral, peut en effet être source de subjectivité car il peut ouvrir la voie à un copinage impliquant toutes sortes de motivations qu'elles soient politiques, idéologiques ou autres.
Nous pensons enfin que l’élection du directeur par les enseignants et des représentants des parents d'élèves est le seul processus capable d’éviter le copinage, protéger nos établissements des conflits et des malversations et remettre la qualité de l’enseignement comme l’objectif ultime de toute institution qui se respecte. Les enseignants des nos collèges et des lycées seraient-ils moins matures que ceux des enseignants du supérieur, qui eux, ont eu la possibilité d’élire leurs directeurs ?
Imed Ayadi
Président Aiduca