Que faire pour lutter contre la corruption et la malversation ?
Organisée par la Commission Nationale d’Investigation sur les affaires de Corruption et de Malversation et placée sous le haut patronage du Président de la République, la première conférence internationale sur la lutte contre la corruption et la malversation se tiendra les 22, 23 et 24 septembre courants à Hammamet.
Cette conférence réunira un ensemble d’experts et de responsables nationaux et internationaux qui interviendront sur six thèmes qui représentent autant d’étapes et de conditions nécessaires à la mise en place d’un système de lutte contre la corruption et la malversation : (i) Dire la Vérité, (ii) Rendre Justice, (iii) Etablir les mécanismes de lutte et de prévention, (iv) Modifier la Législation, (v) Impliquer la société civile et (vi) Recouvrir les avoirs mal acquis.
Plusieurs partenaires internationaux sont associés à cet évènement inédit dont le Programme des Nations Unies pour le Développement (PNUD), l’OCDE et l’Union européenne. Pour les Nations Unies, cette Conférence intervient à un moment décisif de la Tunisie postrévolutionnaire où il est important d’établir les bases d’un système transparent de gouvernance. A ce propos, M. Charles ADWAN expert en matière de gouvernance et consultant au PNUD affirme qu’« il est nécessaire aujourd’hui d’initier un dialogue national entre toutes les parties prenantes à propos de la nouvelle architecture institutionnelle à mettre en place pour garantir une lutte efficace contre la corruption». Mme Oumama Ennaifer, Chargée de Programme au PNUD ajoute que « le PNUD apportera l’expertise technique et un éclairage sur les expériences internationales qui permettrait d’enrichir ce dialogue et de bénéficier des leçons apprises » Elle ajoute que « la réussite de la Tunisie dans la mise en place d’un système d’intégrité et de lutte contre la corruption pourrait donner lieu à la création d’un nouveau modèle de gouvernance dans la région arabe».
Dans ce domaine, plusieurs études réalisées par les Nations Unies montrent que la corruption affecte en priorité les populations vulnérables en détournant les richesses nationales vers l’enrichissement d’une minorité de privilégiés. Quelques chiffres clés :
• 5% des dépenses annuelles de santé sont détournées par des actions de corruption, ce qui correspond à 260 milliards de dollars et
• les coûts de construction des travaux d’infrastructure dans le monde sont majorées de 20 à 40% chaque année, ce qui équivaut à 9 milliards de dollars, pour cause de corruption.
En appui à cet évènement important, le Programme des Nations Unies pour le Développement (PNUD) apporte un appui technique par la mobilisation d’experts de haut niveau. En effet, Dr. Muhedeen TOUQ, Haut Commissaire des Droits de l’Homme en Jordanie et corédacteurs de la Convention des Nations Unies contre la Corruption (CNCC) présentera la CNUCC et les défis majeurs de sa mise en œuvre. A ce propos, il est important de souligner que la Tunisie a ratifié la CNUCC en 2008 et que son application devra être soumise à une évaluation par les pairs en 2012. Dr. TOUQ parlera également de la question du recouvrement des biens mal acquis où il apportera un éclairage international sur les moyens mis en œuvre par des pays tiers pour les récupérer.
Il faut également souligner les enjeux d’un tel combat contre la corruption et les malversations qui se situe à un niveau international avec des biens et des liquidités dispersés dans différents pays, soumis à des législations différentes, autant de contraintes qu’il faudra combiner avec les attentes élevées d’un peuple tunisien qui attend avec impatience le rapatriement de son patrimoine dans les plus brefs délais.
L’ambition de cette Conférence Internationale est grande d’autant plus que les défis et les interrogations qu’elle va examiner sont importants pour la mise en œuvre efficiente d’un système avéré de lutte contre la corruption sous toutes ses formes. Elle permettra aussi d’enrichir le dialogue et les échanges avec les instances concernées et la société civile afin d’aboutir à un engagement collectif et consensuel sur ce problème majeur et crucial afin de marquer les avancées de la Tunisie sur la voie de la transparence.