Le Président Mebazaa à Genève : le Haut Commissariat aux réfugiés rend hommage à la Tunisie
Célébrant le 60ème anniversaire de la Convention de 1951 relative au statut des réfugiés, le Haut Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (UNHCR), a reçu lundi matin, à la faveur de la réunion de son comité exécutif à Genève, le président de la République par intérim, M. Foued Mebazaa, en hommage à la Tunisie, à sa révolution et à son rôle dans l’accueil des réfugiés arrivés de Libye.
« La Tunisie a surpris le monde entier, a déclaré à cette occasion, le Président Mebazaa, par la révolution du 14 janvier menée par le peuple grâce à l'action militante de ses citoyens et leurs sacrifices mettant fin à une des dictatures des plus pesantes dans la région. Elle s'apprête aujourd'hui avec fermeté et enthousiasme à réaliser le processus de transition démocratique.
Il a ajouté que la Tunisie s'emploiera à réaliser un développement équitable et intégral afin de garantir la liberté et la dignité à tout le peuple et pour qu'"Aucun tunisien ne soit, à l'avenir, acculé à se réfugier hors de la patrie indépendamment des raisons de le faire".
M. Mebazaa a évoqué les enseignements à tirer de la crise humanitaire vécue par la Tunisie durant les derniers mois au niveau des frontières avec la Libye, une crise que "la Tunisie est parvenue à gérer en dépit des conditions économiques et sociales difficiles du pays après la révolution".
Le président de la République a lancé un appel pressant afin "d'étudier en urgence la situation de près de quatre mille réfugiés hébergés dans des camps en Tunisie et qui n'ont pas encore regagné leurs pays en raison des conditions internes".
"La communauté internationale devrait se mobiliser davantage pour garantir le rapatriement de ces réfugiés", a souhaité M. Mebazaa. Il a rappelé que la Tunisie a enregistré le passage de 900 mille réfugiés fuyant la Libye, évoquant avec "amertume et beaucoup de regret la polémique suscitée dans des milieux européens au sujet de l'arrivée illégale de quelque milliers de migrants tunisiens sur le sol italien".
M. Mebazaa a dénoncé, à cet égard, l'attitude de certains pays dont le seul souci était d'accélérer le rapatriement des tunisiens qui y ont trouvé refuge en raison de l'insécurité prévalant alors en Tunisie au lieu de leur offrir hospitalité et assistance.
"Les pays européens ont, certes, toute latitude de mettre en place des politiques migratoires et de gérer les frontières conformément à leurs intérêts, mais il est du devoir de la Tunisie d'assurer le retour de ses enfants au bercail dans des conditions préservant leur dignité", a plaidé M. Mebazaa. "Pour cela, la Tunisie a besoin de tout le soutien et l'aide nécessaires pour faciliter la réinsertion des migrants rapatriés", a-t-il ajouté.
Evoquant la protection internationale humanitaire des réfugiés, M. Mebazaa a relevé que sans un engagement formel et concret de toutes les parties, cette notion "n'est autre qu'un voeu pieux".
"Les pays avancés devraient, donc, contribuer à ces charges, au moins au niveau de l'action humanitaire en faveur des réfugiés", a-t-il soutenu.
Le président de la République a fait part de son étonnement de voir certains pays développés réticents à accueillir les émigrés alors que, paradoxalement, les pays en développement accueillent à eux seuls 80 pc de l'ensemble des réfugiés dans le monde, en dépit de leurs ressources limitées et des défis auxquels ils sont confrontés en matière de développement.
"Il est impératif d'inscrire les principes de solidarité et de coopération équitable en matière de partage des charges d'une manière formelle et claire dans les chartes internationales y afférentes afin qu'ils constituent la base d'une action humanitaire à caractère obligatoire", a-t-il souligné. (TAP)