Dignité pour les indignés
Une vague de révolte déferle actuellement sur le double versant occidental et méridional de la planète. Et si dans la partie nord, le mouvement de protestation évolue dans un cadre démocratique, celui de la partie sud avance, par contre, dans le contexte d’un processus démocratique émergent.
Au-delà de l’appréciation des motivations implicites qui remuent les « Indignés » des places publiques occidentales, celles- là convergent ( explicitement) avec les revendications de ceux , tout aussi indignés, sur les places publiques méridionales .Le constat est identique : le dysfonctionnement- voire l’échec global - du système politique et économique de gouvernement.
En fait , ni le modèle socialiste ( étatique) ni celui libéral ( capitaliste ) ne sont parvenus à établir une équation dans l’exploitation et la distribution des taches et des richesses , de manière à répondre aux besoins matériels et spirituels des populations. Celles-ci demeurent victimes ou s’estiment telles, à juste titre, des intérêts égocentriques. Des multinationales ou de dirigeants.
Le mal du premier modèle aura été la domination d’oligarchies et d’apparatchiks qui se gavent au détriment des masses laborieuses, vouées en période de crise, aux recettes de l’austérité et de la rigueur budgétaire.
S’agissant du modèle capitaliste, le ver était déjà dans le fruit. La force productive de la majorité profite à une minorité, grâce à un mécanisme financier biaisé dont l’unique souci semble se résumer dans l’encaissement.
S’il lui arrive de décaisser, pour investir- produire et consommer, le mécanisme pompe les fonds des contribuables et des épargnants. Parasitairement. Une fois raflé le magot des cash –flow et que les petits épargnants déplumés, par un subtil jeu de la spéculation composite et autres intérêts composés, il lance l’alarme (sos) pour réclamer de nouveaux fonds. Et comme si la scène était orchestrée, l’État de type socialiste ou capitaliste court à la rescousse pour renflouer les portefeuilles des banques et autres institutions financières. Quitte à gonfler l’endettement. Depuis la grande dépression de 1929 jusqu’à l’ère du Fmi et de la Banque mondiale, le même scénario du vrai- faux sauvetage se répète, selon la même partition et idem cadence.
Les lacunes juridiques et réglementaires aidant, le cercle vicieux n’aura abouti qu’à servir des gratifications faramineuses aux manitous du fric et des big boss qui s’abritent de la fiscalité à l’ombre de leurs paradis « fiscaux ».
Résultat : la paupérisation et la précarité du grand nombre face à l’enrichissement ostentatoire et illégal du petit nombre. « 99 pour cent contre 1% ! » (Un slogan cru à la new –yorkaise).
Sales opérations
C’est dire ,que si la démocratie était le moins mauvais des gouvernements, elle ne pourrait , à elle seule susciter des garde- fous nécessaires en vue de restreindre l’appétit ( immoral ) du fric des nababs des finances qui par l’usure et l’évasion favorisent la spéculation, le blanchiment et la corruption.
Le large mouvement de jeunes et moins jeunes « Indignés » fait suite, dix ans après à celui des alter-mondialistes dont les slogans sur la « justice sociale « et la « bonne gouvernance « ont été vite hapés par les programmes électoralistes des vieux routiers de la politique… spectacle.
A présent, les néo- indignés se veulent autonomes, comme les « dégagistes » des pays du printemps Tuniso- arabe.Mais jusqu’à quand ? Le romantisme est certainement nécessaire, mais insuffisant. Tôt ou tard, ils seront récupérés ; toute société ne pouvant fonctionner sans structures.
Dés lors, la véritable action doit être concentrée sur l’efficience du fonctionnement de ces structures gouvernantes ou pressenties à le faire. Il serait dangereux et contre productif de leur confier, sans surveillance et anticipation, les leviers des commandes.
Le contrat sociétal, corollaire de la paix sociale suppose, par évidence, le partage- le plus équitable possible – des sacrifices et des richesses.
Faute de quoi, le corps social s’expose à la violence des fractures cycliques de L’INDIGNATION.
Il est tout aussi indéniable que la justice, l’égalité et la liberté sont des idées (valeurs) inhérentes à l’espèce humaine qui n’aurait pu atteindre le stade de développement scientifique et technologique actuel , si elle était restée à ergoter sur le sexe des anges ou les critères de (non ) validation de l’ablution.
Quelque soit la forme, le support idéologique – matériel et spirituel- de tout gouvernement doit tenir compte de ces valeurs. Parce que, Tous les Indignés du monde méritent la Dignité !
Habib Ofakhri
Journaliste
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