Afif Chelbi : il ne lui était resté que le suicide pour crier toute son indignation
L’état de santé de M. Afif Chelbi (58 ans), ancien ministre de l’Industrie et de la Technologie, qui a essayé de mettre fin à ses jours, mercredi, en absorbant des produits pharmaceutiques, s’est amélioré jeudi matin, apprend Leaders, auprès de sa famille. Transporté d’urgence dans une clinique de la capitale, il a bénéficié d’une prise en charge médicale intensive et se trouve actuellement hors de danger. Selon ses proches, «profondément ébranlé par sa mise en accusation dans une affaire en justice, en dépit de toutes les preuves d’innocence qu’il avait produites, il n’a pu supporter le sort qui lui était réservé, ni l’acharnement de certains médias contre son intégrité et sa réputation».
«Dans un ultime geste de désespoir, mais aussi de forte indignation, confie à Leaders l’un de ses amis, M. Afif Chelbi, connu pour sa droiture et son indépendance politique, a voulu surtout crier la détresse de toutes les victimes de l’amalgame. Il ne pouvait continuer à endurer toute cette souffrance, ni subir cette injuste réprobation, alors qu’il a l’intime conviction d’avoir pleinement servi, en toute intégrité, le pays, amoindri les forces du mal et tempéré leurs envies».
Selon un membre de sa famille, cité par l'Agence TAP, "l'ancien ministre a été profondément indigné par la réouverture de l'enquête sur l'affaire de malversation de la société pétrolière STIR, alors qu'un non-lieu a déjà été prononcé à son égard au début du mois de septembre dans la même affaire. M. Chelbi a décidé de mettre fin à ses jours pour «ne pas se retrouver avec les Trabelsi sur le même banc d'accusés» et être considéré comme «un malfrat» alors qu'il n'existe aucune preuve tangible pour l'inculper, explique la même source".
Progressiste depuis son jeune âge, cet ingénieur centralien qui fait partie de ce que la Tunisie indépendante a le mieux formé, avait toujours dédié son énergie à la promotion de l’industrie et à la technologie (API, Enit, Cettex, IM Bank, etc.). S’il avait siégé au sein du gouvernement, il y avait été coopté en tant qu’expert, sans jamais être issu du RCD. Reconduit au sein du gouvernement d’unité nationale formé le 17 janvier 2011, il en présentera sa démission, le 27 février mais continuera à servir en tant que chargé de mission auprès du Premier ministre. Tous ces derniers mois durant, il s’est réfugié dans le travail conceptuel, contribuant intensivement à l’élaboration de la stratégie de développement économique et social 2012 – 2016 et y apportant son expertise.
Bio-Express
Afif Chelbi, né le 14 mars 1953 à Tunis, est titulaire du diplôme d'ingénieur de l'Ecole Centrale des Arts et Manufactures de Paris, spécialité économie (1978). Il a commencé sa carrière professionnelle à l'Agence de Promotion de l'Industrie (API) en tant chef de service, puis sous-directeur, directeur des études et directeur général adjoint (1981-1986). Entre 1986 et 1987, il a été chef du centre d'études et d'ingénierie à l'Ecole Nationale d'Ingénieurs de Tunis.
De 1987 à 1990, il occupe les fonctions de directeur de la maîtrise de la technologie et des mutations industrielles, au ministère de l'Economie Nationale, avant d'être promu directeur de l'évaluation des projets à la Banque Tuniso-Qatarie d'Investissement, puis directeur général du Centre Technique du Textile, Cettex (1992-1998). Il a également occupé les fonctions de directeur général de l'Agence de Promotion de l'Industrie (1998-2001) et de responsable national à "Euro-Tunisie Entreprise" (2000-2001).
En décembre 2001, il a été directeur général de l'International Maghreb Merchant bank.
En 2004, M. Afif Chelbi est nommé ministre de l'industrie, de l'énergie et des petites et moyennes entreprises, et en janvier 2010 il est chargé des fonctions de ministre de l'Industrie et de la Technologie.