Dr Slaheddine Sellami Ministre de la Santé Publique
Rhumatologue jouissant d’une grande réputation internationale (président de la Ligue africaine et vice-président de la Ligue Internationale de Rhumatologie), le Dr Slaheddine Sellami, nommé ministre de la Santé Publique, le 1er juillet, n’aura eu que 3 mois seulement, et encore avec l’été et le ramadhan, pour parer au plus urgent et essayer de lancer les chantiers prioritaires. «Assurer la continuité et la permanence des soins, ainsi que la disponibilité des médicaments, en lui-même, est une performance ». Des efforts inlassables, même s’il regrette fortement le manque de temps pour engager les grandes réformes indispensables et y progresser.
Quelle est la mesure que vous avez prise et dont vous êtes le plus fier ?
Malgré la période très courte passée à la tête du département de la Santé publique, je peux dire que j’ai surtout travaillé à l’instauration d’un climat de confiance et de sérénité au sein du ministère. J’ai aussi identifié un noyau jeune et très motivé sur qui j’ai pu compter et qui nous a surtout permis de gérer les affaires quotidiennes et urgentes, sans heurts ni dégâts, mais qui a jeté les fondements pour des réformes du système de santé qui seront, je l’espère, entreprises par l’équipe qui reprendra le flambeau après le 23 octobre.
Et celle que vous n’avez pas pu prendre et en êtes resté frustré ?
Celle d’une réforme du système de financement de la santé et de déplafonnement des prestations fournies par les établissements de santé à la Caisse nationale d’assurance maladie, prélude à une réforme qui met en oeuvre la budgétisation par service dans les hôpitaux, à même de responsabiliser encore plus les professionnels de la santé afin de rendre notre système plus efficace et plus rentable.
Y a-t-il une décision que vous regrettez ?
Peut-être à long terme, je vais me rendre compte qu’une ou plusieurs décisions ont été malencontreuses et que je n’aurais pas dû prendre, mais à ce jour, aucune à mon avis.
Quelles sont les principales réalisations de votre mandat ?
En effet et en dehors de la poursuite du programme de recrutement entamé au lendemain de la révolution, dans la transparence la plus totale, par le ministère et qui s’élèvent aujourd’hui à 2500 cadres médicaux, pharmaciens, dentistes, paramédicaux, administratifs et autres, des lots d’équipements médicaux sont livrés à une cadence soutenue aux services prioritaires et ce, à la faveur d’un allègement des procédures. Ces dotations profiteront à toutes les régions et préférentiellement aux régions dites défavorisées avant le 31 décembre pour un montant de près de 10 millions de dinars. Nous avons pu également finaliser avec tous les partenaires la réforme des études médicales bloquée depuis près de six ans et qui sera, je l’espère, adoptée avant le 23 octobre. Je citerai, également, avec satisfaction :
• La réforme des collèges des spécialités qui va permettre de planifier et d’améliorer la formation de nos spécialistes.
•la création d’une unité d’hygiène hospitalière qui va s’occuper du problème des infections nosocomiales.
• un accroissement du nombre de postes d’assistants hospitalo-universitaires en créant de nouveaux pôles dans les régions déshéritées.
• la mise en place d’une nouvelle carte sanitaire (l’ancienne date de 2002).
Mais, en définitive, au regard de la période exceptionnelle que le pays a traversée ces derniers mois, je dois dire, pour rendre justice à tous les professionnels de la santé, qu’en réussissant à assurer, grâce au dialogue constructif instauré avec les syndicats, la continuité et la permanence des soins, ainsi que la disponibilité des médicaments, nous avons réalisé une performance, car c’est la mission essentielle de ce gouvernement de transition chargé de répondre aux exigences révolutionnaires et démocratiques.