« Et maintenant où va-t-on ? »
Nous vivons en Tunisie des moments, certes, historiques mais empreints d’ une intense fébrilité dans l’attente du 23 octobre, jour de l’élection de l’ Assemblée constituante. La situation politique et sociale est difficile, douloureuse, et n’augure rien de joyeux. L’optimisme affiché par certains est parfois exagéré au point d’entamer la vigilance extrême dont les citoyens doivent faire preuve.
Dégradée par des manipulations malsaines de certains partis et en particulier le parti «Ennahdha» chez qui l’argent coule à flot, et dont le message subliminal « On ne perd rien à attendre ….. la charia », résonne comme une menace adressée à la Tunisie moderne , la Tunisie de Tahar Haddad , de Thaalbi , de Bourguiba , de Bchira Ben Mrad , de Mohamed Talbi etc.
La réalité de notre quotidien en Tunisie, est préoccupante. la Tunisie est désormais divisée en deux camps qui se regardent en chiens de faïence, celui béni par le parti « Enahdha » qui lui a conféré le label de parti des vrais musulmans et l’autre scamp celui des modernistes et des démocrates accusés de mécréants parce qu’ils ne partagent pas le même idéal ni les mêmes idées encore moins le même modèle de société.
Ces élections libres que nous avons attendues si longtemps, qui ont alimenté tous nos fantasmes et qui en ont fait le sujet récurrent de nos rêves les plus fous , risquent de transformer le miracle du 14 janvier en un mirage le 23 octobre .
En effet, ce qui se passe dans notre pays peut avoir des conséquences désastreuses pour la suite. Il est urgent que le gouvernement provisoire cesse de nous dire qu’il est provisoire quand cela l’arrange et qu’il ne l’est pas quand cela ne l’arrange plus. Il est aujourd’hui impératif de cesser d’agiter la carotte, mais de retourner au bâton tout provisoire qu’il soit, c’ est de notre avenir qu’il s agit et surtout celui de nos enfants. On se permet tout au nom de cette sacro sainte liberté qui est en passe d’être vidée de sa substance comme nous citoyens tunisiens de notre humanité.
La violence dans notre pays reprend du service avec des individus venus d’on ne sait quelles ténèbres profondes , armés de sabres et de gourdins pour terroriser une population qui n’a nullement l’intention de se laisser faire. La meilleure preuve vient de ce citoyen qui nous fait honneur et qui a payé de sa vie son aide à la police, lors du hold up perpétré dans une agence bancaire dans le gouvernorat de Mahdia , en les alertant et en mettant son véhicule à la disposition des forces de l’ordre pour arriver au plus vite sur les lieux du braquage; mais une balle l’attendait…il est tombé en martyr accomplissant son devoir de citoyen. Que Dieu lui accorde sa grâce !
La menace pèse , sur nos institutions ,nos services publics , nos cinémas, nos théâtres et sur nos si chers artistes , que l’on veut à tout prix interdire de cité et qui continuent avec courage à défendre notre identité culturelle en s’engageant dans le combat politique pour essayer de l’assainir en transmettant grâce à leur talent des messages forts contre le fanatisme et l’obscurantisme .
on veut nous voler notre identité tuniso-tunisienne , nous imposer les pratiques d’un islam qui n’est pas le nôtre, et comme le dit si bien Mohamed Talbi : « l’ islam n’est pas voile, il est culte. »
En introduisant dans notre si beau pays une tradition obscure qui n’est pas la nôtre , des costumes fantomatiques venus d’un ailleurs lointain, une mode et des pratiques courantes en Afghanistan et au Pakistan, on porte une atteinte grave à notre spécificité culturelle, historique, et religieuse. Pour tous ceux qui se sentent séduits par ce nouveau modèle de vie qui nous est totalement étranger, un conseil : la Tunisie n’est pas le bon choix.
Aujourd’hui, dans les quartiers populaires, les femmes qui ont choisi de ne pas se voiler, et qui refusent de suivre cette nouvelle mode du « noir c’est noir », rasent les murs dans leurs quartiers pour éviter les remarques désobligeantes et violentes ainsi que les pressions constantes mais elles résistent autant que faire se peut en attendant un avenir meilleur.
La jeunesse qui est sortie dans la rue pour briser la dictature de Ben Ali, assiste impuissante à la confiscation manu militari de sa révolution par un parti absent depuis des décennies et qui revient en conquérant sans gloire pour prendre sans scrupule aucun possession d’un pays qui a cru l’espace de quelques mois qu’il s’était enfin débarrassé pour toujours du pouvoir absolu et du dictat de la pensée unique. La religion n’est au fond qu’un instrument facilitateur pour s’emparer de l’esprit de ce que ce parti nomme les croyants, car pour les autres citoyens les voies pour y arriver leur sont impénétrables.
Nul ne peut prévoir où va la Tunisie, mais ce qui est sûr c'est que le monde entier nous attend au tournant de notre destin. On a donc une obligation de résultats.
Latifa Moussa