Elections : les "appréhensions" de la France
La France n’a pas attendu longtemps pour réagir aux résultats des élections de la Constituante, d’abord par la voix de Nicolas Sarkozy, pui,s par celle de son ministre des Affaires étrangères, Alain Juppé. Elle l’a fait mercredi d’une manière inhabituelle, presque simultanément, sur un ton que certains pourraient qualifier de «comminatoire».
Le premier, en reconnaissant au peuple tunisien (et libyen) le droit de «choisir leur destin lors d'élections libres», tout en estimant que l'enjeu des printemps arabes était de sortir de la «fausse alternative» entre dictature et intégrisme musulman et qu'il fallait, pour cela «ancrer tous les partis dans le jeu de la démocratie». Rappelant que « la France sera vigilante sur le respect des droits de l'homme et des principes démocratiques, notamment la diversité culturelle et religieuse et l'égalité des hommes et des femmes auxquelles la France est indéfectiblement attachée », le Président Sarkozy a indiqué que « la France et l'Europe avaient, de ce point de vue, un rôle crucial à jouer et qu'elles prendraient toutes leurs responsabilités».
Abondant dans le même sens, tout en étant plus explicite, Alain Juppé a averti que "la France va dire « Attention, il y a une ligne rouge qu'il ne faut pas franchir et (...) la ligne rouge ce sont un certain nombre de valeurs et de principes démocratiques" comme l'alternance démocratique, les droits de l'homme ou encore l'égalité homme-femme ».
« On va être très vigilants et nous avons des moyens d'exprimer cette vigilance », a lancé le chef de la diplomatie française, évoquant le Partenariat de Deauville qui prévoit une aide des pays membres du G8 aux pays arabes dans leur transition vers la démocratie. « Bien naturellement cette aide, nous l'apporterons dans la mesure où les lignes rouges ne seront pas franchies », a-t-il averti. Il a néanmoins tempéré ses propos en déclarant vouloir « être optimiste sur la Tunisie ».
« Lignes rouges », « vigilance », « droits de l’homme » : des termes qui sonnent comme une mise en garde « au cas où… », au risque de paraître, pour certains, comme une ingérence dans les affaires intérieures d’un pays.